Qui était vraiment à la conférence avortée de Théo Francken à Verviers ?

Theo Francken prétend que la centaine de personnes présentes pour sa conférence avortée du mardi 19 février à Verviers étaient des citoyens et citoyennes tout ce qu’il y a de plus normal, qu’un seul néonazi aurait été présent et aurait été refusé à l’entrée. Valéria Appeltans, la figure visible de l’organisation, prétend la même chose.

Ils mentent et c’est normal : ils essayent de faire passer leur version, leur analyse mensongère de la soirée et de ses implications. Theo Francken sait précisément avec qui il préparait cette conférence, tout comme il sait qui il fréquente (il est le compagnon d’anciens collabos et de groupes néonazis contemporains – comme Schild and Vrienden – bien qu’il tente de le faire oublier). Si madame Jacqueline Galant et môsieur Georges-Louis Bouchez (ainsi que d’autres) du MR veulent l’aider activement à légitimer son extrémisme, c’est leur responsabilité.

Le fascisme avance toujours sans montrer son véritable visage, le rôle de cet ex-ministre dans la banalisation de l’extrême-droite en Belgique en est un des meilleurs exemples.

Ce n’est pas une conférence littéraire à laquelle il était convié : le livre de Francken n’est pas un roman, c’est un livre politique qui défend sa ligne politique, un livre sorti tactiquement avant les élections fédérales. Son “projet” migratoire consiste à trouver un moyen de contourner l’article 3 de la convention des droits de l’homme qui interdit les traitements inhumains et dégradants, afin de renvoyer les personnes migrantes vers des camps de détention et d’esclavage en Lybie, par exemple.

Donc, concernant les personnes présentes à la conférence :

Des centaines de personnes… ?

Valéria Appeltants est une ancienne membre du Parti Populaire.

Elle a organisé à plusieurs reprises des soupes au cochon qu’elle appelle “soupes maison” et dont l’objectif est d’exclure volontairement les personnes musulmanes. Si elle n’a pas arrêté de mentir du début à la fin de cette histoire, notamment sur le nombre de personnes présentes et sur ce qu’il s’est passé, elle va crescendo dans ses déclarations jusqu’à se comparer à une victime de la Shoa. C’est un double discours constant : lisse dans la presse mais bien plus relâché sur sa page facebook comme on peut le voir sur cette photo dont plusieurs membres se sont fait une joie de partager.

Elle soutient évidemment les déclarations de Francken sur la présence d’un seul néonazi, soi-disant refusé à l’entrée, alors qu’elle a maintenu des contacts étroits avant, pendant et après la conférence avec de nombreux membres de la fachosphère belge francophone de Nation, à Agir, au Parti des Pensionnés, Pégida et Parti Populaire. Loin d’être une « simple citoyenne voulant impos… proposer” (1) un projet de société, ses déclarations immondes sur la petite Mawda, morte d’une balle policière, sous-entendent que les personnes migrantes seraient capables de sacrifier leur enfant pour avoir des papiers.

Elle soutient ouvertement Dries van Langenhove, président du groupe identitaire néonazi “Schild & Vrienden”, et actuelle tête de liste du Vlaams Belang. Ce groupe a joué à plusieurs reprises les milices privées pour Théo Francken.

Dries van Langenhove (non présent à la conférence)

Adrien Jassogne était le co-organisateur de la conférence.

Cet ancien flic est l’actuel président du récent Mouvement Conservateur, parti d’extreme-droite lié au parti hongrois Fidesz de Viktor Orban (2).

On y retrouve les thèmes chers à la fachosphère comme la théorie du grand remplacement et le grand complot juif mondial. Il s’affiche avec des membres de Nation et prône « l’unité des patriotes ».

Les membres de Nation était une quinzaine, dont de nombreux cadres.

Ils se sont regroupés avant de rentrer. Les légères « échauffourées » ont commencé à partir du moment où Olivier Frapchot (actuel secrétaire général et porte-parole de Nation) et Leticia Knevels (tête de liste pour les communales de Ans aux dernières élections) ont craché sur les manifestantEs.

Dans les autres membres et cadres de Nation présents, citons Kévin Heudens (tête de liste lors des dernières provinciales de Liège).

Jean-Claude Varlet (le patron du café « Les Caves d’Artois » dans le quartier saint-léonard à Liège, nostalgique du régime nazi qui se fait toujours un plaisir de montrer ses médailles à des clients).

Jonathan Delvallée (actuel président de la section de Liège et néonazi notoire, connu entre autre pour le tabassage en groupe d’une personne sdf d’origine étrangère et sa croix gammée tatouée sur le coeur).

Citons encore Vincent Levêque (un autre néonazi notoire à Liège), Fabian Vervinckt, Hans Cany, Geoffrey Botton (président de la section Namur), etc.

Vincent

Fabian

Hans

Geoffrey

Les membres du Parti Populaire dont Bruno Berrendorf, vice-président du Parti Populaire, parti qualifié par le C.R.I.S.P (Centre de Recherche et d’Information Socio-Politique) et par Manuel Abramowicz (journaliste spécialisé sur les questions d’extrémisme de droite en Belgique) comme parti d’extrême-droite depuis 2016. Il est actuellement le principal en Wallonie.

Citons également Marc Gerombeau.

Les autres participants de la conférence, non identifiés à ce jour comme appartenant à des partis politiques, étaient donc moins d’une soixantaine. Il est marrant de remarquer que ces personnes qui adorent se faire passer pour un « mouvement citoyen » sont à ce point constitués de partisans. Mais qui sont-ils ? On retrouve énormément de racistes primaires, des personnes relayant la « blague » raciste d’Appeltants, des anti-migrantEs, des anti-musulmanEs, etc. Si on ne peut tous les citer, il suffit de voir ces quelques images de fans pour s’en faire une idée…

Suite à l’échec de l’événement, c’est une véritable armée de trolls au service d’Appeltants qui s’est attaquée à la bourgmestre de Verviers Muriel Targnion, incluant des menaces de mort. Nombreux sont les participants de la conférence à avoir suivi ce délire devenu collectif. Les vidéos d’Appeltants ont été à l’instigation de ce déchainement (et elle en a conscience) à l’instar d’une semblable affaire, celle du dessinateur d’extrême-droite Marsault.

En conclusion

Il faut arrêter de jouer les naïfs. Nous pensons en particulier aux médias les plus visibles qui ont fait le choix éditorial de victimiser ces personnes et de diaboliser celles qui les ont empêché de s’organiser et qui refusent la banalisation de leurs activités.

Évidemment que l’hôtel suivant ses intérêts aurait du refuser d’accueillir la conférence. Lorsqu’on signe un contrat pour un événement en étant (soi-disant) désinformé sur le contenu de cet événement, on peut le casser et sinon on va en justice. Évidemment que la bourgmestre suivant ses intérêts aurait du faire interdire la conférence. Les autorités publiques ont le pouvoir d’interdire des événements privés parce que leur contenu est illégal ou parce que leur tenue est dangereuse pour “l’ordre public”. Dans la réalité, heureusement que les manifestants et manifestantes ne se reposent pas sur le secteur privé ou sur les autorités publiques pour lutter contre le fascisme. Heureusement qu’ils et elles se sont mobiliséEs.

Concernant les indignations moralisatrices sur les “violences”, on ne sait même pas par où commencer tellement c’est pitoyable. La bourgmestre de Verviers s’aligne sur ces discours visibles et utilise la technique périmée de distinction fantasmée entre des “bonNEs” et des “mauvaisES” manifestantEs. Elle parle de personnes qui “cherchaient l’affrontement” alors qu’elles se sont limitées à faire une ligne devant l’entrée pour bloquer le plus longtemps possible les fachos qui tentaient de rentrer. Quand on connait un peu les manifestations, on se rend bien compte de la différence abyssale entre les deux tactiques. Ces fascistes connus et reconnus sont passés au milieu d’un rassemblement de 200 antifascistes sans être frappés. On ne dit pas que c’est bien ou pas bien, mais que pour analyser cette soirée il faut partir de cette réalité. Les seuls coups donnés furent quasiment tous du chef de la police vers les manifestants afin de permettre aux fascistes de passer. De la peinture, du purrin et des jets de chaises aussi spectaculaires qu’inoffensifs (et totalement justifiés), voilà pour l’extrême violence si dure à regarder. Ah oui, pardon, et une grosse bosse (ainsi que des crachats !) dans la belle tuture au respectable Francken. Quelle horreur.

Le patron de l’hôtel prétend que des clientEs auraient été bousculéEs. Or, les personnes qui tentaient de bloquer laissaient passer à chaque fois qu’elles hésitaient : elles bloquaient les fascistes qu’elles reconnaissaient et les personnes qui criaient directement à la dictature gauchiste, dans le doute les autres passaient assez facilement. La police en a d’ailleurs profité pour à chaque fois glisser des participants de la conférence dans les petits groupes de clientEs qui passaient – ce qui était de l’excès de zèle et un jeu dangereux. À quoi s’attend-on lorsqu’on acceuille la fine fleur des extrêmes-droites locales et qu’on les fait passer par la même porte que les clientEs ? Au passage, le gérant de l’hôtel verviers n’a pas de soucis particulier avec l’idée d’acceuillir Theo Francken, mais avec le fait que cela se fasse dans de mauvaises conditions…

Une des seules personnes qui parlent vrai sur ce qu’il s’est passé est… le chef de corps de la zone police vesdre, Claude Paque : « Il n’y a pas eu de coups vraiment importants, il n’y a pas eu de jets de pierre au niveau de l’hôtel. Il y a eu deux arrestations administratives de manifestants, lors desquelles nous avons effectivement reçu au niveau des policiers quelques caillous (…). Quand on voit ce qui est possible de faire dans d’autres manifestations, on s’en sort très bien. »

À nouveau, on ne dit pas que c’est bien ou pas bien, on dit qu’il faut partir de la réalité.

Les agressions racistes qui se multiplient de la part de ces personnes ? Des enfants enfermés et donc détruits à jamais ? La Méditerannée qui se transforme en cimetière ? On s’en fout. Ça c’est ailleurs et à d’autres moments, c’est une violence impalpable et donc acceptable.

Fascisten buiten !

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(1) Lapsus de sa part dans une de ses vidéos.

(2) Le régime d’Orban est tristement célèbre pour ses camps de travaux forcés pour chômeurs et chômeuses, sa politique discriminatoire très violente envers la population roms, ses milices armées anti-migrantes, ses théories du complot contre les juifs et le paravent Georges Soros qu’il utilise pour tenter de décridibiliser les manifestations massives contre ses politiques d’austérité.

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