Suite et fin de notre dossier sur les élections 2019

Il faut bien l’avouer, même si on pouvait s’attendre à une remontée visible du Vlaams Belang les résultats piquent tout de même bien fort…

Résistances.be

Au niveau fédéral

Si la N-VA perd 8 sièges c’est évidemment au profit du Vlaams Belang qui fait la progression la plus inquiétante de ces élections en passant de 3 sièges en 2014 à 18 aujourd’hui. Comment comprendre une telle augmentation alors que le cordon sanitaire concrétisé par le Conseil régional flamand en 1992 a justement été mis en place pour contrer ce parti à caractère haineux (Vlaams Blok) ?

La technique partout en vigueur à travers le globe par les extrêmes-droites de noyer les réseaux sociaux de leur propagande. Le Vlaams Belang est le parti qui a le plus dépensé d’argent pour cela lors de cette campagne. Une grande partie de cette propagande est basée sur de simples mensonges, comme lorsque De Winter a placardé en pleine campagne électorale des affiches contre l’imposition fantasmée de la charia en Belgique sur une fausse deventure de magasin écrite en arabe… placée par le parti lui-même. Autre technique utilisée par une partie des extrêmes-droites à travers le monde, rajeunir les figures de proue du parti. Bien sûr, les discours racistes de Jan Jambon (ex cadre du VB) et de Theo Francken (proche de l’organisation de jeunes du VB) ont fortement légitimé les idées portées par le Vlaams Belang. La tolérance par les institutions en place (justice, universités, médias, etc.) du groupe néo-nazi identitiare Schild & Vrienden (présent tant sur les listes Vlaams Belang que N-VA). Une partie de l’électorat de la N-VA déçue par le manque d’avancée en terme de confédéralisme. La récupération, à nouveau comme une bonne partie des extrêmes-droites à travers le monde, du langage et des revendications historiquement de gauche (comme la pension à 1.500 euros nets ou le départ à la retraite à 65 ans). Comme l’écrivait un journaliste de la RTBF, ils ont aussi donner envie avec leurs discours à une partie des jeunes (hommes, surtout) promis à un avenir précaire « qui ont plus peur du chômage que du climat ». Un travail de mémoire qui fait défaut. Leur présence « sur le terrain », là où ils pouvaient rencontrer les gens là où ils sont. Ces derniers éléments sont des illustrations fdes échecs répétés des gauches, qui ont pour leur majorité déserté le terrain social depuis longtemps. En 2014, lorsque le PS et sa FGTB ainsi que le CDH et sa CSC avant eux, et bien sûr leurs pendants flamands, ont décidé de saboter le mouvement social et d’arrêter la grève sans justification réelle, de nombreux antifascistes alertaient déjà que laisser ce gouvernement en place c’était faire le choix de laisser les extrêmes-droites grandir.

Quoi qu’il en soit, Filip Dewinter (député VB) appelle évidemment à casser le cordon sanitaire pour « enfin écouter l’appel des Flamands » avant de féliciter cette victoire du nationalisme flamand. Si l’on peut supposer qu’aucun autre parti, mis à part la N-VA qui est historiquement bien plus proche du VB que ce que les éditorialistes avaient l’habitue de rappeler, ne souhaite s’allier au VB, il est important de pointer qu’à eux seuls ces deux partis détiennent 43 des 150 sièges à la Chambre (et 58 des 124 sièges au Parlement flamand).

Zéro siège pour l’extrême-droite en walllonie

La seule bonne nouvelle (1) est que le Parti Populaire a perdu son unique siège, peut-être « grâce » aux listes Destexhe qui n’en ont remporté aucun, nulle part, et dont le président posent déjà les armes. On peut donc s’estimer heureux et heureuses que les différents petits groupuscules d’extrême droite soient toujours éclatés. Si on additionne leurs résultats respectifs, on arrive tout de même à 161.460 personnes assez haineuses ou naïves que pour voter extrêmes-droites : 75.057 pour le PP, 42.706 pour Destexhe, 15.071 pour La Droite, 10.574 pour Nation, 10.463 pour Les Belges d’abord et 7.589 pour AGIR.

Additionnés aux chiffres du VB et de la N-VA, on obtient 2.058.412 sur les 7.217.287 bulletins déposés soit environ 30 % de votes (environ 20 % des adultes) qui choisissent l’extrême droite en Belgique.

Si la situation débouche sur un très long blocage institutionnel, où la Belgique se trouverait à nouveau sans gouvernement, il faudra en profiter pour dicter l’agenda social par les luttes et montrer que nous n’avons pas besoin d’eux pour fonctionner.

Discutons déjà de cela dans les mobilisations antifascistes de ce soir à Bruxelles, Gand, Bruges, demain à Liège, La Louvière, etc.

En province de Liège

En ce qui concerne la province de Liège, même si les extrêmes-droites réunies font un peu moins de 52.000 voix (ce qui correspond à environ 7.5 % des votes), principalement pour le PP qui en obtient à lui seul 22.000, de manière générale on se rend compte qu’elles reculent. 4.093 personnes à Liège ont décidé de voter pour le VB mais le PP perd plus de 10.000 votes et La Droite environ 4.500. Quand aux nazillons de Nation, le groupe perd plus de 200 voix pour atteindre difficilement 0.35 % et ce malgré des tractages massifs dans les boîtes aux lettres. Quant au vote de la province pour le Parlement wallon, on remarque que les scores diminuent encore avec le PP qui obtient environ 13.000 voix, les listes Destexhe 5.800 et Nation 2.070.

Au niveau européen

Une partie des extrêmes-droites montent, mais moins que prévu. C’est le cas du groupe « Europe des Nations et des Libertés » (sic). Avec les partis fachos présents dans d’autres groupes politiques, comme Orban qui est toujours dans le PPE, ils représentent tous ensemble environ 1/4 des sièges. C’est trop, beaucoup trop, et montre que la démocratie représentative, qui a toujours fait partie du problème plus que de la solution, est en train de tourner en faveur des fascismes. Si on y ajoute les extrêmes-droites qui ne se présentent pas comme telles (Nouvelle démocratie en Grèce, Parti populaire en Espagne, N-VA en Belgique, etc.) on arrive à environ la moitié des sièges…

Ce parlement est encore moins « légitime » que les autres, puisque malgré un taux de participation (51%) qui n’avait plus été aussi élevé depuis vingt ans moins d’un adulte sur deux a dans les faits voté autre chose que blanc ou nul.

(1) Une autre « bonne nouvelle » pourrait être la montée d’une partie de la gauche radicale parlementaire, mais elle ne doit pas faire oublier qu’au niveau européen c’est la tendance inverse qui s’observe et qu’on ne peut pas lui faire confiance pour lutter.

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