Et « nos » SDF ?

Récit reçu par mail… (titre rajouté par nos soins)

Ce lundi matin au Parc du Potay quelques dizaines de personnes s’étaient rassemblées autour des tentes de personnes SDF (reportage RTC et article de la RTBF).
Chaque jour la police vient les harceler et leur demander de partir. Ces derniers jours, des flics en civil omniprésents leur mettait encore plus la pression : faut dégager. Ils leur ont donné 24 heures pour partir, sous menace de les virer lundi 10 heures. Sans aucune solution de relogement évidement. Les beaux jours arrivent, les vacances arrivent, le parc doit être propre, la misère effacée de la vue. Ici des personnes pour lesquelles la ville doit être belle et nette sous le soleil se plaignent, alors que dans le centre le tourisme économique est le prétexte.

La chasse aux personnes sans papiers s’accompagne d’une chasse aux personnes SDF. Même logique : les faire disparaître.

En 24 heures, une quarantaine de personnes ont répondu à l’appel de soutien.

Les flics sont passés. D’abord deux combis qui ont fait le tour du quartier. Suivis de près par une voiture du Peloton Anti Banditisme, d’un troisième combi puis de deux autres voitures de police. Un camion benne était garé dans une rue pas loin. Deux camionnettes de la ville rodaient sans trop savoir où se mettre.
Les flics ont fini par venir. Affirmant ne pas être au courant de cette volonté d’expulsion, ils seraient là pour une histoire de GSM volé ! Ça en fait du monde pour un GSM..

Comme au Parc Maximilien, des personnes ont mis leurs noms et adresses sur les tentes afin de pouvoir porter plainte si les flics les détruisaient (comme ça a eu lieu au Parc Maximilien et ailleurs).
Sur une des tentes, un autocollant bien connu “je suis hébergeur de migrants” a déjà bien vécu… Faut dire que certaines des personnes SDF qui vivent là se sont proposées pour accompagner un convoi solidaire qui apporte des vivres, vêtements, sacs de couchages, objets d’hygiène,… aux personnes sans papiers de Calais. La dernière récolte s’est d’ailleurs faite au campement du Parc du Potay.
Encore une organisation liégeoise d’aide. Une de plus.
Les mêmes personnes qui aident au Parc Maximilien, les mêmes personnes qui aident les personnes SDF, les mêmes personnes qui hébergent, les mêmes personnes qui distribuent de la nourriture en rue chaque semaine,… Comme toujours.

On ne le répétera jamais assez : au quotidien, ce sont les mêmes qui aident les personnes sans papiers avec ou sans domicile fixe et les personnes sans domicile fixe avec ou sans papiers.
Les “et nos SDF ?” sont absents ! Comme toujours.
Parce qu’ils ne sortent cette phrase que pour attaquer les actions solidaires envers les personnes sans papiers.
Parce qu’ils mettent la misère et l’exclusion en compétition.
Parce qu’ils se plaignent que des personnes ne feraient qu’une des deux choses, alors qu’ils ne font ni l’une ni l’autre.
Parce qu’ils utilisent les personnes SDF juste pour pouvoir hurler contre les personnes sans papiers, mais s’en foutent éperdument.

Personnes SDF et sans papiers, la logique répressive et de rejet est la même.
L’état essaye de cacher la misère qu’il produit.

Restons en contact avec les personnes du parc et revenons à chaque fois qu’elles le demanderont.

NB :

Ceci est loin d’être une situation isolée et est évidement à remettre dans un contexte plus général
Quelques exemples :

1. l’année dernière des personnes avaient planté leurs tentes derrière des buissons de la prairie en haut des coteaux. Elles n’étaient pas visibles et sans être au courant il était impossible de le savoir. En leur absence la Ville est passée, a tout démonté et jeté l’entièreté de leurs affaires personnelles.

2. 2017 toujours : la ville défend et conserve sa politique anti-SDF.
– législations encadrant les comportements proscrits (faire l’aumône, parler aux passants, obligation d’une « tournante » entre quartier selon les jours de la semaine, avec des horaires stricts, uniquement de manière individuelle, interdiction de faire la manche le dimanche afin de « protéger » la Batte,… )
– nouvelles initiatives de matériels urbains anti-SDF réalisés par la multinationale JC Decaux
– fermeture du tunnel passant sous les voies de bus à Hocheporte

Les témoignages de la rue, à ceux et celles qui veulent l’entendre, parlent de la violence subie en rue : les multiples arrestations, destructions d’abris et de tentes par la police (comme dernièrement derrière l’église Saint Jacques),… Il suffit de se balader en centre ville pour voir bien trop souvent des flics en civil faire dégager les personnes de la rue des rues du centre ou commerçantes. Car comme exprimé dans la presse en 2017 suite à une proposition de modification du “règlement anti-mendicité” rejetée par la majorité rejointe par les libéraux : “La question est néanmoins éminemment politique : il s’agit d’apprécier dans quelle mesure le phénomène est une nuisance pour le commerce ou le tourisme, ou si un assouplissement des mesures permettrait de rencontrer des soucis de respect et de dignité”.
On ne peut que constater que la ville a fait son choix, au détriment des plus démunis/exclus.

3. En 2015, sous couvert de gestion de la propreté et de l’hygiène, la Ville construisait un mur anti SDF sous la passerelle des Chiroux, avant de le détruire sous la pression d’une “mauvaise image”.

Ce contenu a été publié dans General. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.