« Notre Slovaquie » : les nouveaux néonazis membres de l’APF

Source Bruxelles Zone Antifa

Lors de son dernier congrès annuel organisé à Bruxelles, l’Alliance pour la Paix et la Liberté (APF) qui regroupe plusieurs organisations néo-nazies européennes, en a profité pour intégrer un nouveau venu. Pas de « grand nom » au programme, mais un parti nommé « Notre Slovaquie » (Ľudová strana Naše Slovensko). Inconnu de la majorité du grand public, ce parti a pourtant fait parler de lui en Slovaquie et a franchement de quoi faire frémir. L’APF intègre ainsi un parti ouvertement néo-nazi qui possède 14 députés en Slovaquie et dont l’homme fort, Marian Kotleba, est aujourd’hui gouverneur.

Dirigé par Marian Kotleba et représenté au congrès de l’APF par le député Martin Belusky, « Notre Slovaquie » se définit comme étant un parti nationaliste, chrétien et « social ».

Le chef de « Notre Slovaquie », Kotleba a fait parler de lui en 2013 lorsqu’il a remporté les élections régionales de Banska Bystrica (centre de la Slovaquie) dont il est encore aujourd’hui le gouverneur. Kotleba fut également le fondateur en 2003 d’un groupuscule violent – Communauté slovaque, seul parti jamais dissous par les autorités depuis l’indépendance, en 1992. En janvier 2009, Kotleba s’est relevé de la dissolution de Communauté slovaque en fondant un nouveau parti, « Notre Slovaquie ».

Jusqu’il y a peu Kotleba aimait s’habiller en uniforme des gardes Hlinka, la milice de l’état Slovaque collaborationniste entre 1939 et 1945. « Notre Slovaquie » en a adopté les manières, le salut, les symboles et la rhétorique.

« La garde Hlinka était la police de l’état Slovaque et participa volontairement aux plans d’Hitler. Elle opéra contre les juifs, les Tchèques, les Hongrois, les partisans de gauche et l’opposition. Par un décret du 29 octobre 1938, la garde Hlinka fut désignée comme seul corps autorisé à donner à ses membres une formation paramilitaire, ce décret lui donna un statut officiel dans le pays. Les gardes portaient un uniforme noir et une casquette ressemblant à un bateau avec un pompon en laine sur le dessus. Ils utilisèrent le salut nazi. […]En 1942, la garde Hlinka supervisait la déportation des juifs slovaques vers le camp de concentration d’Auschwitz. La Garde effectua régulièrement des rafles de Juifs durant les mois de printemps et en été. La déportation des Juifs par la garde Hlinka allait de pair avec la confiscation des biens juifs qui étaient en partie redistribués à des membres de la garde »[1].

L’état collaborationniste Slovaque était alors un régime autoritaire, fasciste-clérical, modelé sur l’Allemagne nazi, les Gardes Hlinka chassèrent avec enthousiasme celles et ceux qui étaient considérés comme les ennemis du régime.

Les juifs slovaques faisaient l’objet d’un accord unique datant de 1941. Le zèle du régime slovaque de l’époque était tel, qu’il proposa, selon un papier publié sur le site de la BBC, de payer 500 marks à Berlin pour chaque juif déporté vers l’Allemagne. On estime à 75000 le nombre de juifs slovaques tués dans les camps nazis.

Voici le régime politique que Marian Kotleba admire, tout comme les 13 députés de son parti. Régime qu’il décrivit comme « vivre au paradis ». De même il admire Hitler et ne s’en cache pas. Sur sa page facebook, il a ainsi décrit le führer comme « un artisan de la paix, un grand économiste, un orateur et un homme avec le cœur à la bonne place ».

Kotleba a possédé un magasin de vêtements pour nostalgiques nommé KKK, hommage morbide au Ku Klux Klan. Il a collaboré avec le parti néonazi allemand NDP. Il voue un culte obsessionnel à l’Etat slovaque clérical fasciste de 1939-1945, éphémère croupion du IIIe Reich, obtenu directement auprès d’Hitler par un prêtre catholique, Jozef Tiso. Père de la première nation slovaque, ce dernier est resté à sa tête durant toute la Seconde Guerre mondiale, avant d’être pendu par les Soviétiques en 1947.

Depuis qu’il est devenu gouverneur, les uniformes inspirés des Gardes Hlinka ont été mis au placard mais le programme politique reste le même. S’il a construit sa notoriété en faisant l’apologie de la Slovaquie nazie, il a aujourd’hui adouci son discours. Kotleba se concentre aujourd’hui sur des discours plus « mainstream », le racisme contre les populations Rroms (Kotelba est ouvertement rromophobe) qu’il qualifie de « parasites », l’Islam, les « sionistes » (entendez les Juifs). Et puis l’euro et l’Otan qu’il considère comme «une organisation terroriste, utilisée par les Etats-Unis, contrôlés par les sionistes, dans le but d’exterminer les autres nations». Et encore les Hongrois et les communistes.

Jens Puhse, Marian Kotleba et Roberto Fiore

En mai 2015, un groupe de néo-fascistes italiens, emmenés par Roberto Fiore, dirigeant de Forza Nuova (l’extrême-droite néo-fasciste italienne), avait rendu visite à Marian Kotleba pour discuter de la question rrom. Dans le compte rendu publié sur le site de FN (Forza Nuova), le rédacteur évoque les échanges survenus lors de cette visite et cite des mesures dont il faudrait s’inspirer, comme l’instauration d’une police locale patrouillant dans les zones occupées par les Roms, là où la police nationale ne met pas les pieds. Marian Kotleba aurait à cette occasion affirmé sa volonté de faire partie de l’Alliance pour la Paix et la Liberté en Europe dirigée par Roberto Fiore, et à laquelle participent le NPD allemand (néo-national-socialiste) et l’Aube Dorée grecque.

 

C’est donc chose faite depuis ce 17 décembre 2016…

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