Il fallait s’en douter, les fachos (de terrain) se sentent un peu seuls, dépassés et exclus face à l’ampleur de la vague de solidarité envers les personnes migrantes, réfugiées et sans papier. L’ampleur du mouvement et sa solidité sur la durée d’ailleurs.
Ils ont beau avoir, parfois avec plusieurs comptes chacun (par startégie propagandiste), envahi les forums en tout genre, sur les réseaux sociaux et surtout sous les articles des médias mainstream, pour (se) faire croire qu’ils « tiennent le terrain », et même si cette stratégie de propagande fonctionne (1), ça n’en reste pas moins qu’ils le font derrière leur écran, chez eux, désespérément seuls…
Alors que Pegida s’enlise à Liège en essayant mois après mois de se faufiler au conseil communal, chez Nation on a décidé de faire de la récup.
Alors que ce dimanche 25 février aura lieu une grande manifestation en « Solidarité avec tou.te.s les migrant.e.s ! » à 14h Gare du Nord à Bruxelles, Nation a décidé, le même jour, de 13h à 15h, de faire une collecte de produits de première nécessité pour les SDF et familles précaires… prétendues belges « de souche » (2) évidement.
Chaque hiver Nation fait une collecte.
Pour les militants cela leur permet sans doute de se donner bonne conscience, d’avoir l’impression d’appartenir à un groupe soudé et actif, d’être utiles et cohérents avec leurs « valeurs » (3). Mais il ne faut pas se leurrer, en pratique cette action isolée ne sert, comme à leur habitude, qu’à une chose : communiquer ! Et notamment convaincre un lectorat inactif mais déjà adhérent aux idées qu’ils sont réellement actifs alors qu’ils ne font objectivement pas grand-chose d’autre que des rassemblements à teneur raciste, des réunions avec des invités racistes, et des beuveries en cercle fermé (4) pour lesquelles est créé un cérémonial pour avoir accès au lieu secret (souder un groupe autour de l’adrénaline de la peur de l’ennemi, voilà une des techniques des cadres manipulateurs de Nation).
Nous n’allons pas nous étendre sur le choix de la date : il est évident pour tout le monde que c’est un sursaut égotique, un essai de récupération, dans le but de s’auto-convaincre qu’ils existent.
Il est plus intéressant de se pencher sur leur communication.
“A une époque où les gauchistes jouent aux résistants alors qu’en cachant des étrangers en séjour illégal, ils seraient mieux dans le rôle de collabos des temps modernes.”
Non seulement il est de notoriété publique que la solidarité envers les personnes migrantes, réfugiées et sans papier (et la critique de la politique gouvernementale à ce sujet) n’est pas l’apanage des seuls « gauchistes » (6), mais en plus nous n’avons pas souvenirs qu’en tant de guerre les collabos prenaient de leur temps, argent, énergie, confort,… afin d’aider (tant matériellement que du point de vue de sécurité) des personnes considérées comme en situation illégale et mises en danger par le pouvoir en place.
Soyons clairs : si l’on veut se risquer à faire une comparaison, les “collabos des temps modernes” seraient plutôt ceux qui veulent se débarrasser des personnes qu’ils considèrent comme « en trop », « parasites », se fichant éperdument de leur sort tant qu’elles ne sont plus dans leur… « nation » !
Qu’en pensent Francken et son ami Bob Maes ?
“A une époque où les médias bien-pensants ne font que parler du problème des migrants alors que des SDF belges de souche meurent de froid et de faim.”
Année après année, jour après jour, avec ou sans actualité concernant les personnes migrantes, réfugiées et sans papier, les médias (comme les politiques) invisibilisent les conséquences des politiques gouvernementales qui précarisent de plus en plus de personnes.
Le parallèle que Nation fait ici ne vient que du fait qu’ils regardent le monde avec des oeillères racistes. La situation actuelle concernant les personnes migrantes, réfugiées et sans papier est une occasion pour Nation (et l’extrême droite en général) d’appliquer une technique de manipulation afin de faire croire que, sans la présence de personnes migrantes, réfugiées et sans papier, les médias parleraient des personnes en danger de précarité.
“A une époque où le monde est sur sa tête et où notre état est dans la situation d’un père de famille qui donnerait de l’argent aux enfants des voisins alors qu’il ne sait même pas nourrir ses propres enfants , NATION estime qu’il est temps de rappeler qu’on ferait bien de s’occuper aussi des nôtres.”
Notons l’image hétéropatriarcale de la famille appliquée à l’État.
Dans la propagande de Nation, aucune analyse économique.
À les croire, il y a deux budgets séparés, deux économies séparées. Celle pour les riches, à laquelle on ne touche surtout pas, et celle pour les pauvres.
Il faut être bien naïf pour croire que les dépenses consacrées à l’accueil (rappelons que les postes de dépenses les plus élevés se trouvent dans l’enfermement, les opérations policières et les expulsions), bien naïfs donc, pour croire que ces dépenses, si elles n’avaient pas lieu, seraient consacrées aux personnes précaires prétendues « de souche ».
Quel que soit le gouvernement en place, il n’y a que la vitesse qui change : les systèmes politiques comme économiques précarisent la population à tour de bras pour le seul bénéfice des personnes possédant déjà la majorité des richesses.
Nation, comme les autres extrêmes droites, joue encore une fois le jeu du pouvoir en participant activement à la division des personnes attaquées et précarisées.
Rappelons également que lorsque les fachos sont aux commandes de l’Etat, ils n’améliorent pas les conditions de vie de la population – même prétendue “de souche”, bien au contraire. Le fascisme n’est que la dernière option utilisée par la classe capitaliste.
La seule lutte qui vaille la peine d’être menée est celle de la liberté pour toutes et tous !
“C’est pourquoi NATION, en coopération avec l’association « Pour les nôtres », a décidé de réactiver une campagne de soutien, non pas seulement aux SDF, mais aussi aux familles qui ont un toit tout en étant dans la précarité.”
Nation « réactive » sa campagne de soutien…
Pourtant, il n’y a pas qu’en hiver que les personnes en précarité souffrent de celle-ci. Mais pour les opportunistes, l’hiver est la bonne période pour en parler. Rappelons que les SDF meurent plus en été, pour d’autres raisons, qu’en hiver. Mais Nation n’en a rien à foutre. Ce qu’ils veulent, c’est une opération de com’.
Il est à noter que l’association « pour les nôtres » n’apparaît nulle part sur le site de Nation. Qui pourtant aime mettre en avant la diversité de ses « initiatives ». Le cercle féminin (7) de Nation, par exemple, bien qu’inactif, a droit à son blog (dernier article avril 2017) et à sa page facebook (52 like). « Pour les nôtres » n’est qu’une façade pour faire croire que quelque chose se passe, qu’il y a une association en soi, sur ce sujet précis, depuis longetmps au sein du parti.
Notons également que ce mois Nation s’est positionné contre les squats (8).
Pourtant, l’occupation de bâtiments abandonnés est une solution directe et concrète utilisée par nombre de personnes sans domicile (et qui le sera de plus en plus).
Pas étonnant cependant puisqu’il n’est nullement question pour l’extrême droite de remettre en question ni la propriété privée ni la spéculation immobilière.
Pas étonnant puisque les squats sont ouverts par leurs opposants politiques… ces « gauchistes » qui n’aideraient que les personnes migrantes, réfugiées et sans papier, mais qui, en fait, n’ont pas besoin de barrière à la mise en place de la solidarité.
Dans les squats, par exemple, peuvent vivre solidairement des personnes avec ou sans revenu, avec ou sans papier, il y est assez répandu que des magasins gratuits ou prix libre soient mis en place, que des repas publics gratuits ou prix libre soient proposés, que de la récupération d’invendus alimentaires soit redistribuée, on peut y trouver également des ateliers de cuisine, de couture,de langue, d’aide administrative, de droit, de musique, de sport, de santé, de peinture,…
Si Nation avait plus de capacités et d’investissements humains, il est probable que son discours changerait et qu’il ferait comme leurs idoles de Casa Pound, parti italien auto proclamé néo fasciste qui squatte.
Concernant squats et personnes SDF, rappelons que ces derniers se sont battus dernièrement à Namur, tant en occupant des bâtiments vides afin de se loger qu’en luttant contre les règlements sur la mendicité (soutenus en cela par des « gauchistes » et non des « nationalistes – solidaristes »).
Lorsqu’ils ne se cadrent pas dans des missions de maraudes de propagande, les militants de Nation ont d’autres manières de faire avec les personnes SDF : rappelons-nous ces 6 militants qui ont tabassé une personne SDF en 2015, témoignant ainsi tout leur mépris !
Terminons ce point en rappelant une évidence : généralement, celles et ceux qui soutiennent les personnes migrantes, réfugiées et sans papier sont les mêmes que celles et ceux qui, toute l’année, se mobilisent publiquement, participent à des actions de soutiens pour les personnes sans domicile ou subissant la précarité.
Pas comme Nation qui fait semblant une fois de temps en temps pour son image publique propre aux partis politiques. Et de manière plus générale, rappelons que c’est lorsque ce genre de mouvement populaire se met en marche qu’il est possible de rendre le gouvernement plus frileux sur ses politique antisociales et d’améliorer les conditions de vie de l’ensemble de la population. Mais ça, ce n’est pas le but de groupes comme Nation, leur but est de prendre le pouvoir.
“Pour ces familles, pour lesquelles le grand froid a nécessité des frais supplémentaires, nous avons avant tout besoin de colis alimentaires mais aussi de produits d’hygiène de base.”
Évidemment, faire une action publicitaire occasionnelle n’est pas réellement s’investir… Le quotidien ne change pas. Nous aurons également remarqué qu’il n’est question que de collecte matérielle et que l’on est loin d’un investissement personnel profond, comme on la connaît via la plate forme de soutien aux réfugiés, qui en plus du matériel (repas, vêtements, hygiènes,… ) développe aides logistiques, juridiques et… logements quotidiens depuis des mois !
Pour information, pour les personnes qui désireraient aller les voir de leurs propres yeux, Nation annonce donc sa présence ce dimanche 25 février, de 13h à 15h, à la Gare Centrale de Bruxelles, près de l’entrée principale, à niveau des arrêts des bus 63.65.66 et 23 au niveau de la porte de SNCB holding (le parking à vélo).
(1) cela permet, entre autre, de repousser les limites de ce qui est/serait à considérer comme opinion publique et non du racisme, mais également de faire passer les mesures gouvernementales comme trop timorées.
(2) nous reprenons l’expression « de souche », bien qu’elle fasse partie des assauts de l’extrême droite dans le langage, pour marquer à la fois son ridicule et sa violence.
(3) de merde
(4) chez les fachos on appelle ça « de la camaraderie »
(5) la seule exception étant le local de l’APF, utilisé par Nation, dont l’adresse était évidement publique. Hors cette exception, si vous voulez participer à une activité Nation, il vous faudra montrer patte blanche et donner préalablement vos coordonnées personnelles… alors qu’ils se donne l’image d’un groupe ouvert et acceuillant pour construire une nouvelle société sur de bonnes bases. S’il s’agissait d’un groupe clandestin, nous pourrions comprendre, mais il s’agit d’un parti politique !
(6) non ce n’est pas une insulte
(7) nous n’avons pas fait de faute de frappe, il s’agit bien d’un cercle féminin et non féministe.
(8) en désinformant à propos de la législation et en soutenant un blogueur qui avait appelé à un rassemblement afin d’expulser des squatteurs.euses à Bruxelles.