Mi mai 2017, le conseil des ministres a approuvé le masterplan « Centres fermés pour les personnes en séjour illégal ». Ce masterplan prévoit une forte extension de la capacité de retour existante et la création de trois nouveaux centres fermés.
“Avec ce masterplan, nous serons en mesure de rapatrier beaucoup plus de migrants illégaux. Ceci aura pour effet de rendre l’idée de venir en séjour illégal moins attrayante. L’époque où l’ordre de quitter le territoire n’était qu’un chiffon de papier sera bientôt derrière nous. Ce [notre] gouvernement ne régularise pas les criminels, nous les rapatrions” dit Theo Francken, secrétaire d’état à l’asile et aux migrations.
Où et quand ces trois nouveaux centres fermés sont-ils censés être construits ?
Holsbeek, 2018
Début janvier 2013, les autorités fédérales rachètent un ancien hôtel Formule 1 dans un zoning industriel de Holsbeek, dans la banlieue de Louvain. Maggie De Block, alors secrétaire d’État, souhaite transformer le bâtiment en centre ouvert de retour volontaire pour accueillir une centaine de personnes.
Succédant à Maggie De Block en 2015, Tho Francken ferme le centre quasi du jour au lendemain, pour cause de mauvais résultats. Si le retour volontaire n’offre pas de bons « résultats », il semble logique que le retour forcé depuis le centre fermé offrira de meilleurs « résultats ». Quel beau semblant de politique migratoire bien mesurable.
Le bâtiment du centre ouvert étant déjà construit, il ne reste plus qu’à le mettre aux normes de sécurité pour qu’il devienne un centre fermé.
Zandvliet, 2020
Le précédent bourgmestre d’Anvers avait déjà fait la demande pour avoir un centre fermé proche d’Anvers. Le projet d’un nouveau centre fermé à Zandvliet satisfait fortement le bourgmestre actuel d’Anvers, Bart De Wever : « Zandvliet est un lieu idéal car c’est une zone rurale éloignée ». D’après De Wever, « le centre apportera la sécurité et la qualité de vie dans la ville d’Anvers et 150 emplois seront créés ». Intéressant comme un centre fermé offre une solution à la fois aux problèmes migratoires et aux problèmes économiques.
Sauf qu’une opposition véhémente se met en place dès l’annonce du masterplan. Les habitants rassemblent 700 signatures pour s’opposer à la venue du centre. Le motif ? Ils ont « peur pour leur propre sécurité » et déclarent « être devenus la poubelle d’Anvers » …
Initialement, le centre était prévu d’être construit sur des terres actuellement à l’abandon et appartenant au gouvernement flamand, à côté de l’autoroute A12 à la frontière néerlandaise. Mais la commune a déjà commencé à négocier le lieu exact où le centre fermé serait construit, en se basant sur les subtilités du plan d’aménagement du territoire.
Il semblerait que le centre puisse devenir effectif beaucoup plus tôt que 2020, car Theo Francken a prévu de réutiliser des containers venant de la prison de Tilburg (Pays-Bas) pour construire le centre fermé.
Jumet, 2021
Le plus grand centre fermé de Wallonie est prévu à Jumet (Charleroi). C’est le bâtiment de l’IPPJ [1] à Jumet qui est appelé à se transformer en centre fermé, avec deux sections (garçons et filles) pour mineurs dessaisis. Les éducateurs de l’IPPJ ont exprimé leur mécontentement de se retrouver à « exercer leur métier à Bruxelles ou rester à Jumet comme gardien de prison ».
La ville de Charleroi soutient le projet mais « regrette le manque de concertation avec les autorités locales autour de l’annonce du projet » dit l’échevine-déléguée Françoise Daspremont.. Mais, si les différents niveaux de pouvoir avaient collaboré, auraient-ils abordé la question de la nécessité de la construction d’un centre fermé ou seulement les détails de sa localisation ?
Non aux centres fermés, d’hier et de demain !
[1] Institution Publique de Protection de la Jeunesse, centre ouvert pour mineurs