Contribution externe
Ce 18 novembre, nous étions une petite troupe de liégeois.es à aller soutenir les copines et copains d’Aachen pour une manif antifasciste contre la répression.
On a eu un peu du mal avec les slogans en allemand, mais nous nous sommes senti.es en terrain connu lorsqu’illes ont lancé des « tout le monde déteste la police ».
En plus de créer des liens, il nous semblait important de passer cette frontière (No Border !) et d’être présent.es dans cette lutte à une cinquantaine de kilomètres de Liège.
À partir de traductions des sites de l’AZ, Centre Autonome et du collectif antirépression, voici les explications du contexte de la lutte antifasciste à Aachen et de la répression qui s’abat sur elle.
Solidarité !
Manifestation du 18 novembre et appel à la solidarité
Ce 18 novembre avait lieu une manifestation à l’appel du groupe anti-répression d’Aix-La-Chapelle. Elle s’inscrit dans le processus de solidarité envers des militant.es antifasciste et antiracistes visé.es par deux procès qui auront lieu cet autonome à Aix-La-Chapelle, mais également pour dénoncer la recrudescence et l’intensification des activités nazies autour de l’AZ, Centre Autonome d’Aix-La-Chapelle et du Frankenberger Viertel.
Contexte
Il y a trois ans, plusieurs nuits d’émeutes avaient lieu à La Haye suite à la mort par asphyxie de Mitch Henriquez, un carabéen étranglé par des flics (1). Évidemment, il y eu une grosse répression et plus de 200 personnes furent arrêtées en une nuit et une censure d’État s’en suivit. Il n’était pas possible de parler de cela sous peine de se retrouver devant la justice (genre un anarchiste ayant diffuse un tract fût jugé pour incitation à l’émeute). À Aix-La-Chapelle une manifestation solidaire voulu dénoncer ce meurtre raciste. Elle fût brutalement arrêtée par les flics sur la place du marché et dix personnes furent arrêtées dont quatre, choisies arbitrairement, inculpées en avril 2018 pour divers motifs. Après trois jours de procès absurdes, parsemés de contradictions et de trous de mémoire (avec des flics qui n’hésitent pas a faire de fausses déclarations), une seule fût condamnée à un TIG de 90 jours, peine beaucoup trop légère pour le parquet qui fit appel.
Après quelques années de répit suite à l’arrestation d’un de leurs leaders et la dissolution de groupes néonazis par l’État allemand, l’extrême droite se réorganise à Aix-La-Chapelle. Ses militants recommencent leur sale petit jeu. Ils viennent notamment provoquer, harceler et attaquer des antifascistes aux alentours du Centre Autonome (AZ) ou dans le quartier alternatif de Frankenberger où ces derniers les affrontent en mars 2017. À la suite de quoi, deux antifascistes sont arrêté.es et mis.es en détention preventive pendant plus de deux semaines. Illes seront accusées de troubles à l’ordre public ainsi que de coups et blessures. Une fois de plus, les néonazis se présentent comme des victimes. Ils sont suivis par la presse, les flics et la justice et seul.es les antifascistes sont poursuivi.es. Au parquet d’Aix-La-Chapelle, il est habituel de minimiser les activités de l’extrême-droite et de réprimer les antifas. Tout est fait pour dépolitiser le travail antifasciste et imposer une certaine lecture des faits en les considerant comme des délits relevant de la responsabilité individuelle.
Solidarité face à la répression et à la montée fasciste dans la politique et dans les rues
Après d’autres manifestations antifascistes, un rassemblement devant la prison, la création d’une coordination, etc, cette manifestation du 18 novembre s’inscrivait dans la continuité de l’expression active de la solidarité envers les inculpé.e.s.
En Allemagne, comme ailleurs dans le monde, nous assistons à un virage massif conservateur et à une propagation inquiétante des tendances fascistes. Ceci est visible non seulement dans les parlements, mais aussi et surtout dans les rues. L’un des exemples les plus récents est le rassemblement à Chemnitz de milliers de néonazis, partisans de l’AfD et membres de Pegida à la fin du mois d’août. Résultats : chasses à l’homme et attaques contre des présumé.es migrant.es.
En outre, les incendies de logements pour réfugiés sont devenus si banals en Allemagne que la presse ne semble plus ressentir le besoin d’en parler ni d’enquêter. Les discours racistes et antisémites, notamment dans les discours politiques, et les attaques se multiplient.
Si on ajoute à cela les attaques dans les lieux publics, les milliers de morts en Méditerranée, les déportations quotidiennes dans des pays “supposément sûrs”, le renforcement du droit en matière d’asile, les contrôles de police racistes, l’agitation raciste de responsables politiques de tous bords et le terrorisme néonazi souvent couvert, voire soutenu par l’État, il est clair que le travail antifasciste est urgent.
Ces faits sont régulièrement minimisés, étouffés par la presse, les responsables politiques, les procureurs, voire indirectement défendus sous prétexte de prétendues “craintes fondées”. Ces ne abus sont possibles que parce qu’il existe un soutien social au racisme et à l’antisémitisme.
Depuis des décennies, l’existence de la scène néonazie organisée est passée sous silence, et quand des faits viennent à être rendus publics leurs intentions politiques sont étouffées, le discours officiel étant celui d’actes commis par des psychopathes. Cette rhétorique de la dépolitisation détourne spécifiquement du fait que le racisme et l’antisémitisme ne sont pas simplement des phénomènes marginaux mais sont répandus dans la société et restent profondément enracinés.
Dans ces conditions, il est extrêmement important que les gens se défendent contre le fascisme à tous les niveaux : au travail, dans le bus, dans la famille et même dans la rue. Les néonazis organisés représentent un danger. Et un nazi est un nazi, qu’il mange une glace ou qu’il soit au stade, il reste un nazi. Point.
Et c’est bien dans cette optique qu’était appelée la manifestation du 18 novembre à laquelle nous ont rejoint des antifas de la région. Nous voulions également exprimer notre solidarité avec les antifascistes inculpées aujourd’hui et lors des procès à venir. La manifestation, rassemblant 120 personnes, est partie du centre ville pour rejoindre Frankenberger Viertel. Sur tout le parcours, des tracts et des discours ont expliqué la répression et le contexte politique mais aussi la nouvelle loi sur la police, la répression des structures de gauche et anarchistes dans le contexte allemand, le 1er mai autonome à Wuppertal (et oui!) et l’intensification des activités nazies autour du Centre Autonome d’Aix-la-Chapelle et du Frankenberger Viertel.
La suite c’est un appel à des rassemblements solidaires le mercredi 21 novembre et les vendredi 30 novembre et 7 décembre à 20 heures au tribunal de 1ère instance d’Aix pour procès suite aux incidents survenus à Frankenberger et enfin le mercredi 5 décembre au tribunal régional d’Aix pour le procès suite à l’action sur le marché.
Bienvenu.e.s
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