L’État, au travers de théo Francken, et son système répressif turbinent à toute vitesse pour inventer toujours plus de moyens légaux afin d’enfermer et d’expulser toujours plus personnes et d’étendre les catégories de personnes enfermables et expulsables, remettant au goût du jour l’existence de citoyens de première et seconde classe :
– construction de 3 nouveaux centres fermés
– rétablissement de la double peine pour une catégorie de personnes : expulsion de personnes étrangères nées en Belgique ou arrivées avant leurs 12 ans, à l’initiative de l’Office des étrangers et sur base de la seule suspicion (et donc sans présomption d’innocence ni droit à un procès équitable) de menaces contre l’ordre public (piquet de grève, action militante, infraction au code de la route,…).
– non respect de la vie privée avec possibilité de fouiller dans les téléphones et d’explorer les profils sur les réseaux sociaux des personnes migrantes (pouvant mener à l’enfermement en cas de refus). (Réforme du droit d’asile votée ce 9 février.)
– rafles avec quotas d’arrestations journalières à atteindre, multiplications des contrôles dans les transports en communs,…
– …
Le tout soutenu par une propagande étatique fondée sur du vent :
– Théo Francken soutient devant le Parlement qu’il n’existe pas de quotas d’arrestations.
– Théo Francken soutient l’existence de 60 à 70% de fraude de la part des personnes migrantes lorsqu’elles expliquent leurs parcours, avant d’admettre l’absence de statistiques.
Pendant ce temps des personnes s’organisent pour aider les personnes migrantes de différentes manières (du tournoi de belote à l’interposition lors d’arrestations dans les trains) :
– des collectes de vêtements, sacs de couchage, vivres, produits de premiers soins, produits d’hygiène,…
– des événement (des concerts aux tournois de belote,… ) se mettent en place pour récolter des fonds pour compléter cette aide directe.
– des campagnes visant à sensibiliser sur les réalités que sont les conséquences des logiques répressives actuelles, et des pistes pour prendre position en faveur des personnes réfugiées, migrantes, sans-papier. Not In My Name par exemple.
– suite à des interpellations communales, plusieurs communes (Mons, Chièvres, Anderlues, Marchin, Vielsam, Sainte Ode, Tintigny) sont devenues des « communes hospitalières« , comme le sont déjà d’autres communes européennes. Pour une dizaine d’autres le processus est en cours…
– L’Association des Cercles étudiants (ACE) a adopté comme thème pour la Saint-Verhaegen, gande fête étudiante, le sort réservé aux migrants en Belgique et ailleurs, du parc Maximilien aux murs dressés en Califormie et en Hongrie en passant par la République tchèque. Les étudiants veulent dénoncer les politiques répressives et racistes menées par de nombreux gouvernements
– des milliers de personnes s’organisent en réseau à travers le pays pour accueillir chez elles les personnes réfugiées, migrantes, sans-papier, les véhiculer (majoritairement du parc Maximilien à Bruxelles) et ainsi les soustraire tant aux maltraitances policières qu’à la justice expéditive dont les seuls objectifs sont l’enfermement et l’expulsion au plus rapide.
Tout en leur offrant un repas, un lit au chaud et au sec, puisque l’État a décidé que la souffrance visible des migrant.e.s était une stratégie acceptable et désirée pour espérer réduire le nombre de personnes fuyant leurs condition de vie, voire la mort.
– Manifestation ce dimanche 12 novembre, pour
la régularisation des sans- papiers /
la fermeture des centres fermés /
la liberté de circulation /
l’arrêt des expulsions /
l’arrêt de la criminalisation des sans-papiers /
le respect des droits fondamentaux comme l’accès aux soins médicaux et à l’éducation /
le respect et l’application des droits de l’enfant.
Manifestation qui met en avant la volonté de créer des ponts entre la cause/le combat des sans-papiers et les autres causes/combats (réfugiés, chômeurs, travailleurs, précarité, redistribution des richesses …), montrant bien que toutes les attaques contre les libertés et conditions de vie (salaires, soins de santé, logements,… ) font partie d’une même logique et doivent avoir une réponse commune qui refuse la division.
À côté de cela, de façon spontanée et non organisée, des personnes réagissent aux situations de vie qui se déroulent sous leurs yeux, dans leur quotidien.
Que ce soit dans un avion en refusant d’être les complices passifs d’une expulsion (des personnes seront d’ailleurs en procès ce 15 novembre),
ou dans un banal trajet en train comme le raconte ce récent témoignage publié sur Indymédia :
« La semaine dernière, train Bruxelles-Liège Guillemins, 23h.
Nous voyons deux personnes se faire sortir des toilettes par les contrôleuses, qui les isolent sur une plate-forme en 1ère classe. Nous décidons d’aller voir ce qui se passe, mais ça a l’air de puer et c’est pas les chiottes. Un policier des chemins de fers en civil nous explique que les deux gars n’ont pas de tickets, pas de papiers, la police les attend déjà sur le quai de la gare.
On reste près d’eux, sans savoir ce qu’on pourra faire, au moins leur montrer qu’on les soutient. On en vient vite à s’engueuler avec le flic en civil qui voudrait qu’on s’en aille, mais c’est sans compter sur nous.
Arrivés à Liège, on sort par une autre porte pour les attendre sur le quai. Notre présence et nos cris dérange les contrôleuses et flics en civils qui attendent l’arrivée des uniformes occupés à arrêter un autre groupe plus loin. Les deux mecs profitent de la situation pour partir en courant. Deux filles, aussi flics en civil, les poursuivent, mais certains s’interposent et les gênent, les gars arrivent à s’enfuir.
Pendant ce temps, un autre groupe non présent dans le train essaye d’empêcher les flics et la sécurité d’interpeller une autre personne sur le quai. Les cris et les bousculades n’ont malheureusement pas suffi pour la faire relâcher et elle a été emmenée directement au comico présent dans la gare.
On retrouve un peu plus loin les deux qui se sont enfuis, parce que nous n’avons pas voulu que notre solidarité s’arrête là, on trouve une voiture et on passe la frontière.
Pour aller plus loin, quelques mots sur un ressenti.
J’étais désemparée quand c’est arrivé. Est-ce qu’on peut vraiment faire quelque chose, est-ce qu’ils veulent qu’on fasse quelque chose ? On est pas infaillibles, et la police et la répression sont bien là pour nous le faire croire. On a l’habitude d’entendre qu’on est impuissants, spectateurs du système politique qui décide sans notre avis. Notre frustration est détournée vers des illusions de pouvoir d’agir, en votant par exemple (haha). Mais la politique se passe aussi dans la rue, dans tous nos actes et nos non-actes : c’est plus facile de fermer les yeux, de dire qu’on y peut rien, c’est comme ça. Mais nous avons tou.te.s le pouvoir d’agir, de se poser des questions sur ce qui se passe chaque jour, dans la rue, dans les trains, sous nos yeux, et de refuser de collaborer.
On a pas fait grand-chose, être là, soutenir. On a montré notre désaccord. On a le pouvoir de le faire, et la preuve, ça a en partie marché. Agissons !
Des bambins sans couches qui chient sur francken »