Bonehead
Le terme bonehead (littéralement « crétin », « crâne d’os ») désigne un·e skinhead d’extrême droite. La contre-culture skin est née au Royaume-Uni à la fin des années 1960 et était fortement influencée par la culture ska entre autres. Les premiers skinheads (personnes blanches ou non, généralement issues de la classe ouvrière) n’étaient pas forcément d’extrême-droite ou de gauche radicale mais avaient pour habitude d’agresser les personnes hippies, voire pakistanaises, homosexuelles ou considérées comme telles. Plus tard, des démarcations claires ont vu le jour entre bandes de skins néo-nazis (boneheads) et skins antifascistes (Redskins, RASH, SHARP, etc.). L’utilisation par les deux tendances de la mode skin (crânes rasés, bombers, bottines, pollos – qui ont fait le bonheur de Doc Martens, Fred Perry et autres multinationales) ne facilitent pas la différenciation pour la personne non avertie. Certains signes distinctifs étaient cependant parfois utilisés : boule à zéro, lacets blancs pour les boneheads versus rasé court, lacets rouges et bombers retournées côté orange pour les skins antifas. Les slogans et logos arborés, les tatouages, les labels soutenus ainsi que le comportement permettent bien mieux de faire la différence.
Eurabia
Dans les années 70, Eurabia était une revue fondée par un groupe d’associations et d’organisations européennes œuvrant pour le dialogue et les échanges culturels avec le monde arabe.
En 2005, l’essayiste Bat Ye’or (1) reprend le terme pour développer une théorie conspirationniste dans son ouvrage « Eurabia : l’axe euro-arabe ». Elle y développe sa thèse selon laquelle l’Union européenne, depuis Charles de Gaulle et ensuite la plupart des dirigeants européens, aurait secrètement mis en place une « politique stratégique qui lie l’Europe au Monde Arabe méditerranéen » avec « une association à tous les niveaux ». Cette politique serait mise en place grâce « aux mélanges des populations, à l’immigration et à l’entente parfaite sur tous les sujets » et aurait pour objectif la mise en place d’un ensemble méditerranéen euro-arabe visant à contrebalancer les États-Unis. Dans cette perspective, les dirigeants européens auraient négocié une « reddition politique et culturelle » en vue d’obtenir des garanties dans leur approvisionnement en pétrole et dans la lutte contre le terrorisme tout en favorisant l’immigration musulmane ainsi qu’en adoptant une politique anti-israélienne et donc pro-palestinienne.
Dit de façon plus courte : l’Union européenne serait l’instigatrice d’un complot secret visant à faire de l’Europe une colonie islamique.
Et pour aller plus loin : Eurabia, c’est l’union des pays européens et musulmans contre Israël.
La France est particulièrement visée par cette théorie. Théorie qui peut d’ailleurs être considérée comme un concept anti-français puisque « c’est la France qui est désignée comme le principal instigateur de la politique de “capitulation” face à l’islam » (2). En effet, l’origine de cet accord remonterait à la crise pétrolière de 1973 lorsque, sous l’instigation de la France et sous couvert de dialogue euro-arabe (initié par la diplomatie gaulliste), certaines instances dirigeantes européennes auraient passé un accord secret.
Considérer le dialogue euro-arabe comme la preuve d’une « capitulation » nie à l’Europe le droit d’avoir la politique de sa géographie (zone de contact) et de son histoire avec le Maghreb, le Machrek et l’Afrique occidentale.
C’est également n’accepter comme politique que la possibilité d’une espèce de remake de la guerre froide dans lequel le « monde libre » devrait endiguer les assauts de l’islam.
Il faut savoir que, d’après Gilles Kepel (3), « la fin des relations franco-israéliennes privilégiées, à la suite de la guerre de 1967, valut à la France d’être l’objet d’un ressentiment particulier de Beat Ye’or ». Selon lui, Eurabia est une « vision obsidionale » (4) d’une Europe soumise au monde arabe, représentation motivée au départ par la défense d’Israël et d’une Amérique résistante.
La théorie d’Eurabia veut démontrer que l’Europe (la Vieille Europe) est un continent perdu ne pouvant plus prétendre qu’à un rôle subalterne sur l’échiquier international, puisque n’incarnant plus les valeurs de l’Occident. Le concept d’Occident remplaçant celui d’Europe dans le langage des théoriciens d’Eurabia. L’Europe ne pouvant donc que se définir par son lien transatlantique, l’idée d’Eurabia sert à justifier moralement le leadership mondial incontesté des États-Unis, tant qu’ils continuent d’aller dans le sens des intérêt d’Israël. Les tenants de la théorie d’Eurabia accusent d’ailleurs l’Europe d’abandonner ses juifs au nouvel antisémitisme des populations musulmanes issues de l’immigration, d’être hostile à l’existence d’Israël et de promettre les peuples israélien et juif à un nouveau génocide.
La plupart des théories du complot qui arrivent à prendre de l’ampleur partent de bases réelles, d’un fond de vérité déformé. À travers la grille de lecture du complot, tout prend une signification qui l’accrédite et l’auto alimente à l’infini.
Dans le cas d’Eurabia, un simple séminaire littéraire à Venise en 1977 devient l’un des chaînons d’un complot sinistre, et ce uniquement parce qu’il est lié au fameux Dialogue euro-arabe. Et peu importe que les sujets discutés lors de ce séminaire traitent de la coopération dans le domaine de la recherche linguistique ou de l’enseignement de la langue, de la littérature et de la culture arabes, ou encore de l’établissement d’un centre permettant aux Européens lisant l’arabe d’avoir accès à des livres ou périodiques dans cette langue.
Le Conseil consultatif de la Fondation Anna Lindh, qui a pour ambition de favoriser des projets, associatifs, artistiques, œuvrant au dialogue entre les cultures, devient « le cheval de Troie de l’islamisation culturelle et politique de l’Europe », une organisation « monstrueuse », disposant de « moyens financiers considérables », dont l’objectif serait de « conditionner, uniformiser et formater la pensée des Européens ». Dans son livre, Bat Ye’Or le décrit comme étant « au cœur du système d’Eurabia ».
Une espèce de « lobby euro-arabe » complotant pour anéantir Israël et islamiser l’Europe, miroir du « lobby sioniste » tout aussi fantasmé. C’est à se demander à quel point les adeptes du « complot sioniste » d’un côté, ceux du « complot eurabien » de l’autre ne sont pas des alliés objectifs, nourrissant chacun la paranoïa et recrutant ainsi chacun leurs troupes !
À en croire Bat Ye’Or, le dialogue euro-méditerranéen n’a qu’une seule finalité : « construire un axe euro-arabe anti-Israël, anti-chrétien, anti-occidental, judéophobe et antisémite ». Pour le prouver, elle imbrique une succession de faits qui n’ont aucun rapport entre eux, les interprète sans preuve et en déforme le sens pour les faire rentrer dans sa grille de lecture.
Nul besoin de démontrer sa thèse avec des preuves, puisque Bat Ye’Or va jusqu’à déclarer : « Ceux qui nient Eurabia sont ceux qui y participent. Car Eurabia se passe de démonstration. Elle est là en nous et autour de nous, ce n’est pas la réalité de demain mais celle d’aujourd’hui ».
Eurabia est donc un récit aux prétentions scientifiques douteuses, mais aux effets politiques explosifs : ce qui a commencé comme une théorie conspirationniste farfelue est devenu un dangereux mythe islamophobe.
Le monde d’Eurabia est un monde manichéen dans lequel l’ennemi civilisationnel est l’Islam, adversaire absolu d’autant plus redoutable qu’il est à la fois un ennemi extérieur et intérieur. Dans ce monde, l’Islam est considéré à la fois comme une culture et comme un projet politique, celui du califat mondial. C’est une assignation à résidence pour toutes personnes originaires du monde arabo-musulman, dans une identité préétablie et fixée.
Nous nous retrouvons donc dans la théorie du choc des civilisations, avec une évolution vers un national-patriotisme qui réduirait la notion de « nation » à la question identitaire.
Eurabia utilise également les termes « islamo-fascisme » et « nazislamisme », termes dénués de pertinence scientifique et à vocation polémique, que l’on retrouve maintenant dans n’importe quel forum d’actualité envahi par les extrêmes droites.
Selon Jean-Yves Camus – à ne pas confondre avec Renaud Camus qui est d’extrême-droite – on ne peut lier l’islamisme radical contemporain et le fascisme/nazisme car il ne repose pas sur les mêmes principes et postulats de base : « Le fascisme comme le nazisme sont des idéologies de l’homme nouveau et non du retour à un âge d’or ; ils positivent la modernité et non le fixisme ; ils ont le culte de l’État total, là où l’islamisme s’accommode très bien du libéralisme économique et de l’État faible voire, dans sa variante radicale, évacue totalement l’impératif de l’État. » (2) Ce qui n’enlève rien aux similitudes entre les partis islamistes et les idéologies d’extrême droite (5).
Mais cette mise en équivalence, de la part des extrêmes droites, entre islamisme et fascisme / nazisme, de la même manière que ces mêmes extrêmes droites assimilent communisme et fascisme, est abusive et interdit de penser le totalitarisme selon des catégories différentes en nature. L’objectif du concept d’« islamo-fascisme », ou de « fascisme vert », autorise ceux qui le portent à placer leur résistance à l’Islam dans la continuité politique et morale de celle qui combattit les totalitarismes d’extrême droite alors qu’ils en sont très souvent des héritiers.
Surtout si l’on ajoute à cela les notions de « soumission volontaire » et de « projet global » décidées par les dirigeants européens. Elle permet aux personnes qui adhèrent à cette thèse de doublement s’autodéfinir « Résistants ». Sans ces « Résistants », l’Europe, ayant renié ses racines « judéo-chrétiennes », serait livrée à l’Islam et à son corpus de lois normatives, la Charia. Les « Résistants » se doivent donc de rejeter toute intégration de personnes musulmanes, d’origine musulmane, ou supposée d’origine musulmane et composer un bloc homogène se battant contre un submergement démographique afin de sauver la « race » des Européens « de souche » !
C’est ainsi qu’Anders Breivik, auteur des attentats contre de jeunes militants du Parti social-démocrate norvégien en 2011, souscrit à Eurabia et cite plusieurs dizaines de fois Beat Ye’or dans son manifeste politique « 2083 » (une déclaration d’indépendance européenne, qui s’avère être surtout une compilation des écrits d’auteurs anglo-saxons appartenant à la frange la plus radicale du mouvement néoconservateur). Ses actes ne sont pas le délire d’un homme seul mais bien le résultat d’une construction intellectuelle, expliquée dans son manifeste, qui, présenté comme une déclaration d’indépendance européenne, s’avère être surtout une compilation des écrits d’auteurs anglo-saxons appartenant à la frange la plus radicale du mouvement néoconservateur.
Ainsi, selon Jelle van Buuren, expert du Centre for Terrorism and Counterterrorism de l’université de Leyde (Pays-Bas), l’aspect conspirationniste de la thèse d’Eurabia, qui enjoint à une action violente pour « sauver la civilisation », serait une des raisons qui ont poussé Breivik au massacre.
Cette théorie conspirationniste est adoptée par certains milieux de droite, d’extrême droite, islamophobes, néo-conservateurs ou pro-israëliens. On la retrouve tant sur une partie de la fachosphère (Riposte laïque, Bloc identitaire,… ) que dans certains partis européens.
En 2017, par exemple, le Front National soutient cette théorie devant ses militants.
D’autres, tout en critiquant la société multiculturelle et l’immigration, valorisent le monde arabo-musulman et l’Islam en tant que force de résistance à la décadence et au matérialisme occidentaux. Égalité & Réconciliation en fait partie et promeut un « Islam enraciné ».
D’autres groupes ou personnalités considèrent le monde arabo-musulman comme l’allié naturel d’une Europe-puissance offrant une alternative à l’hégémonie planétaire des Etats-Unis et de leurs alliés. Surtout situés au sein du courant nationaliste-révolutionnaire, ces mouvements regardent avec sympathie la dimension « anti-impérialiste » des régimes de Kadhafi, Saddam Hussein ou Bachar Al-Assad ainsi que de l’Iran islamique.
Proche de nous, un parti comme Nation joue sur les deux tableaux : il fait à la fois la promotion de la théorie conspirationniste Eurabia tout en soutenant des régimes tels que ceux de Bachar Al-Assad.
Cette théorie est proche de celle du Grand Remplacement, tout aussi conspirationniste. Pour toute une partie du public d’extrême droite n’ayant pas approfondit ces thèses qui parlent à leurs peurs et rejet de l’autre, ces deux thèses se mélangent facilement pour n’en former qu’une : les musulmans envahissent l’Occident dont les valeurs et traditions sont menacées au point que la “race blanche” risque de disparaître !
(1) Essayiste britannique née en Égypte dans une famille juive. En 1956, dans le contexte de l’expulsion des Juifs d’Egypte lors de la Crise du canal de Suez, elle et sa famille sont déchues de leur nationalité égyptienne. Ils émigrent au Royaume-Uni en 1957 avant de s’installer en Suisse.
(2) Jean-Yves Camus, journaliste et politologue français, spécialiste de l’extrême droite française et des groupes radicaux islamistes.
(3) Politologue et sociologue français, spécialiste de l’Islam et du monde arabe contemporain.
(4) Obsidional : délire de persécution, psychose collective frappant une population assiégée.
(5) « les partis islamistes veulent construire un État qui, bien que non ethnique, donne des droits civils différents et non égaux aux personnes en fonction de leur religion et discrimine les non-musulmans et les femmes qui, dans un “État-charia”, sont des citoyens de deuxième classe ; les islamistes refusent la laïcité et sont très méfiants envers la démocratie ; ils méprisent l’Occident et ses valeurs […] » Jean-Yves Camus.
Fachosphère
Le terme fachosphère désigne la nébuleuse des milieux d’extrême droite, et plus particulièrement leur présence sur Internet. C’est donc l’ensemble des sites, blogs, personnes agissant afin d’avoir de l’influence en passant par les réseaux sociaux, les forums, les commentaires des sites des médias dits traditionnels,…
La fachosphère est une mouvance disparate où cohabitent les sphères complotistes, antisémites, anti-musulmans, catholiques traditionnalistes, nationalistes-révolutionnaires,… mais également les « fans de » (Alain Soral, Éric Zemmour,… ).
«Notre seul point commun, c’est vous, les médias, juge Pierre Sautarel, le créateur de Fdesouche. Votre réaction nous apporte la cohésion idéologique que l’on n’a pas forcément.»
Si le mot manque un peu de rigueur scientifique, il s’est imposé ces dernières années pour désigner une extrême droite ayant fait d’Internet son premier terrain de bataille.
Début des années 2000, alors qu’Internet devient pour les militants d’extrême droite, un formidable outil d’expression et de défouloir, le nom de « réacosphère » lui avait été attribué. Aujourd’hui, le terme de « fachosphère » fait l’unanimité pour désigner tous les sites de cette galaxie.
Ses partisans, qui n’apprécient guère d’être renvoyés au fascisme, préfèrent l’appellation de “réinfosphère” et se présentent comme un canal de contre-information qui corrigerait les “bobards” diffusés par les médias mainstream au nom du “politiquement correct”.
Cette « réinformation » procédant par la traduction de l’actualité vue uniquement selon les thèses des extrêmes droites, travestissant les faits si besoin, et donnant un réflexe de compréhension selon cette unique grille de lecture, supprimant ainsi toute analyse objective.
Internet est le terrain de prédilection des extrêmes droites : se jugeant mal traitées par les médias traditionnels et cherchant à contourner le filtre de ces médias, elles ont plus rapidement que d’autres développé leurs propres moyens de communication pour toucher directement leur public potentiel. Ainsi, par exemple, Le Front National avait un site Minitel dès 1985 et était le premier parti politique français à se doter d’un site Internet dès 1996.
Avec Internet, de faibles moyens permettent de toucher une audience considérable. En plus de s’inscrire dans un phénomène plus large de « dérégulation du marché de l’information », ce canal est un moyen efficace de diffuser des messages à des publics ciblés mais également de procéder au recrutement de nouveaux sympathisants ou militants, de collecter des ressources financières, d’organiser de la coopération entre différentes composantes des extrêmes droites, mais aussi de mobiliser pour des actions. C’est également un excellent terrain de défoulement où la liberté d’expression est plus grande que dans n’importe quel autre « lieu public ». Surtout qu’il est assez simple de procéder sous anonymat, voire de manipuler facilement en multipliant artificiellement les sources d’un même discours.
On peut dire que, quelles qu’en soient les raisons, l’extrême droite est la famille politique qui s’est le mieux appropriée Internet et que, jusqu’à aujourd’hui, elle en a gagné la bataille.
Parmi les principaux acteurs de la fachosphère, certains ambitionnent de concurrencer les «médias du système», d’autres s’attribuent un rôle de lobby et tentent d’influer sur le débat public en manipulant l’opinion public. Un objectif de plus en plus réaliste alors que la mouvance affermit ses positions en ligne et qu’une surenchère identitaire et sécuritaire marque les champs politique comme médiatique.
Grand Remplacement
C’est Renaud Camus, écrivain français engagé à l’extrême droite, qui introduit le concept en 2010 lors de trois allocutions publiques et dans plusieurs écrits. (1) Ce concept fait suite à celui de “Grande Déculturation” (du nom d’un de ses livre également, paru en 2008) qui est à ses yeux le moyen indispensable au “Grand Remplacement”.
Tant aux extrêmes-droites qu’à la droite, un certain nombre de journalistes, d’intellectuels et de politiques se sont faits l’écho des thèses de Camus. La fachosphère les a reprises de façon systématique et continue, et le concept est aujourd’hui naturellement repris dans une majeure partie de ces sphères.
Si Renaud Camus se préoccupe en premier lieu de la France et théorise pour ce pays, sa théorie du “Grand Remplacement” en a dépassé les frontières et fait également des émules dans d’autres pays européens qui en appliquent les thèses à l’échelle européenne.
Mais Camus n’invente rien : il n’a fait qu’exhumer des thèses qui existent depuis bien longtemps : des textes alarmistes prophétisant la destruction de la « race » et de la « civilisation » françaises existent depuis la fin du 19ième.
Avant-guerre, en France comme en Allemagne, les nationalistes affirmaient que les juifs, les Arméniens et les « Levantins » menaçaient l’intégrité de la patrie. Après-guerre, ce furent les Maghrébins.
Dans les années 50, les néonazis utilisaient cette thèse d’un changement de population pour faire passer l’idée d’un complot juif visant à instaurer une dictature « ploutocratique mondialiste ».
« A partir des années 1960, constate Gérard Noiriel (3), les arguments culturels et religieux ont remplacé les arguments biologiques, mais le discours du déclin national par leur faute demeure. Pourtant, dans aucun pays d’immigration les prédictions catastrophistes ne se sont concrétisées. »
La nouveauté de Camus, c’est d’adapter cette formule (notamment en la vidant de son antisémitisme) pour l’intégrer au thème plus large du choc des civilisations : l’antisémitisme de base est donc recyclé contre les musulmans, arabes ou noirs, accusés de venir en masse en France et en Europe dans un processus de contre-colonisation. Ce « modernisme » lui donnant plus d’accroche et donc de visibilité.
« Le Grand Remplacement est le choc le plus grave qu’ait connu notre patrie depuis le début de son histoire puisque, si le changement de peuple et de civilisation, déjà tellement avancé, est mené jusqu’à son terme, l’histoire qui continuera ne sera plus la sienne, ni la nôtre. » (Renaud Camus, septembre 2013, pour le lancement de son manifeste intitulé : « Non au changement de peuple et de civilisation »).
« Oh, c’est très simple : vous avez un peuple et presque d’un seul coup, en une génération, vous avez à sa place un ou plusieurs autres peuples. … “Le Grand Remplacement”, le changement de peuple, que rend seule possible la “Grande Déculturation”, est le phénomène le plus considérable de l’histoire de France depuis des siècles, et probablement depuis toujours. » (Renaud Camus, 2011).
La théorie du “Grand Remplacement” considère que, sur un laps de temps très court, une population (française ou européenne « de souche ») sera démographiquement remplacée (comprendre : devenue minoritaire sur son territoire) par une ou plusieurs autres populations non européennes, principalement issues des pays du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, selon un processus d’immigration de « peuplement » avec la bénédiction d’une « pouvoir remplaciste ». Ce qui impliquerait de facto un changement de civilisation.
Cette théorie est de base purement conspirationniste puisqu’elle prétend qu’un changement de population et de civilisation est mis en place / soutenu / désiré par une grande partie de l’élite politique, intellectuelle et médiatique. Soit par idéologie, soit par intérêt.
Selon Renaud Camus, ce remplacement est désiré par les institutions de l’Union européenne, dont le Parlement haïrait les Européens « indigènes » et mettrait donc intentionnellement en place leur « asservissement » ou leur « mort ». Notamment par le biais des politiques d’immigration gouvernementales, soutenues par là tant par les médias que les intellectuels. En 2015 par exemple, il voit dans la nomination d’une rapporteuse du Parlement européen, italienne d’origine congolaise, un indice visible de sa théorie.
Le site Fdesouche, bien connu de la fachosphère, affirme quant à lui que le “Grand Remplacement” est également organisé par l’ONU.
Et c’est l’alliance entre la gauche altermondialiste et le capitalisme transnational qui permettrait l’aboutissement de la dépossession identitaire totale des Européens.
Le propos est anxiogène et son alarmisme donne de la force à l’émotion en jouant sur un sentiment d’urgence.
Si la thèse de départ est conspirationniste, elle est également reprise et argumentée par toute une frange des extrêmes droites sur base d’un argumentaire démographique. Cette manière d’amener la vision d’un “Grand Remplacement” de population refuse alors le conspirationnisme et prétend ne se baser que sur des statistiques. C’est la voie choisie par Marine Le Pen par exemple, bien que le Front National soit divisé sur le sujet : si tout le parti adhère à une théorie factuelle de changement de population, et bien que ce soit la ligne officielle du parti, certains membres demeurent convaincus que certaines forces agissent de façon délibérées pour mettre en œuvre ce changement de population.
Tout en mêlant des chiffres tirés de statistiques officielles et des chiffres farfelus, le texte « Le grand remplacement par A + B » datant de 2013 et circulant beaucoup sur Internet essaye de démontrer mathématiquement la pertinence de l’idée d’un changement de population en cours en France.
Ce texte est considéré comme le socle factuel de la thèse du “Grand Remplacement”.
Pour faire simple (4), ce texte additionne sur une base uniquement extra-européenne le nombre de personnes nées étrangères dans un pays étranger avec l’ensemble des descendantEs de migrantEs (pourtant néEs en France). S’y rajoute une “estimation” des descendantEs de la génération suivante ainsi qu’un “certain nombre” de Roms (500 000 à la place des 20 000 officiels), de Harkis, d’Antillais, près de 200 000 personnes naturalisées annuelles (alors que les chiffres de l’époque oscillaient entre 45 et 90 000), une estimation de personnes immigrées clandestines et illégales, et caetera et caetera… pour arriver à un pourcentage de 20 % de la population française.
Ce chiffre lancé, il nous annonce une comparaison entre « le taux de natalité des blancs et celui des extra-européens ». On y arrive…
Finalement, en dehors de cette manipulation statistique, ce qui ressort de ce texte, c’est qu’il est impossible, selon la vision des auteurs du texte, de faire partie du peuple français si l’on est d’origine extra-européenne, il est impossible d’être considéré comme tel, impossible de se sentir comme tel. L’idée non dite mais instillée par les théoriciens et adeptes de la théorie se cachant derrière des chiffres manipulés, c’est qu’il y a deux populations distinctes qui ne peuvent et ne pourront jamais se rencontrer. Il y a les personnes « de souche », et les autres. Les blanches, et les autres.
Ils valident donc la définition biologique de l’appartenance au peuple français (malgré l’essai de donner un angle officiel d’argumentaire de base sur « la culture et la religion »). Les fascistes ayant transformés leurs discours reviennent finalement à leur postulat de base : l’existence d’un racisme biologique et culturel. Si le discours s’est adapté, espérant ne plus rentrer dans les cases de la définistion de “racisme”, la finalité reste la même.
En continuant à parler d’immigrés dans le cas de personnes qui ne migrent plus depuis plusieurs générations, la vision partagée est celle de personnes immigrées définies comme « envahisseur » et de personnes issues de l’immigration comme « ennemi intérieur ». Les deux formant un bloc homogène, les deux étant complices et actrices tant du changement de population que de celui de civilisation. C’est à cela que sert la transformation des données nationales en données raciales : pointer les non-blancs comme cible.
Un ancêtre arabe suffirait à définir ses descendants comme arabes, génération après génération. La même langue, la même culture, la même religion, le même taux de natalité,… fixés une fois pour toutes !
Définir également les descendants d’immigrés nés d’unions mixtes comme des « allogènes extra-européens » relève purement et simplement d’une théorie raciste !
Durant la période de ségrégation aux États-Unis, le principe de la « one drop rule » américaine faisait qu’il suffisait « d’une seule goutte de sang noir pour être défini comme noir et donc inférieur ». Pareil pour les juifs durant l’Occupation.
Cette théorie d’un « changement de peuple », très anxiogène, suppose qu’une population blanche, stable, homogène constituerait le « socle biologique » de la France, et que ce socle serait en voie d’être corrompu, voire détruit.
Cela rejoint une théorie de Maurice Bardèche (5) qui écrivait dans les années 60 « la race blanche ne luttera plus pour sa prédominance économique ou politique, elle luttera pour sa survie biologique. […] Demain, ce ne sont plus les prolétaires et les capitalistes qui se disputeront les richesses du monde, ce sont les Blancs, prolétaires et capitalistes unis, qui auront à se défendre, eux, race minoritaire, contre l’invasion planétaire ». (6)
La théorie du “Grand Remplacement” (ou “Remplacement de Population”, voire “Génocide par Substitution” pour certains) rejoint « un vieil imaginaire de purification de la société de ses éléments allogènes » (7).
Cette théorie est majoritairement appliquée au remplacement de la population et civilisation identitaire européenne par une population et civilisation arabo-musulmanes, qui ferait ainsi la conquête de l’Europe.
Il existe d’autres variantes à cette théorie conspirationniste, qui se font échos l’une l’autre. Elles sont connues sous les noms de “Eurabia” / “Eurislam” / “Plan Kalergi”.
En Belgique francophone, deux partis adhèrent publiquement à cette théorie conspirationniste : le Parti Populaire, via son organe Le Peuple, et Nation. Les autres micro partis, tels que le Parti des Pensionnés, n’ayant pas d’organe d’information, n’en font pas la promotion directement. Leurs représentants en parlent pourtant régulièrement.
Cette théorie, focalisée sur une invasion musulmane, se retrouve un peu partout dans la fachosphère, des blogs aux commentaires des sites de presse en passant évidement par les réseaux sociaux.
(1) Allocutions intitulées « Le Grand Remplacement », « La nocence, instrument du Grand Remplacement » et « Que peut être une pensée libre aujourd’hui ? » avant d’être réunies dans son livre « Le Grand Remplacement » en 2011.
Il détaillera encore son concept dans deux ouvrages : le manifeste « Non au changement de peuple et de civilisation » en 2013, et le livre, « Le changement de peuple », auto-édité et paru la même année.
(2) Nous développerons plus loin qu’il y a deux lectures de ces thèses, une factuelle et une conspirationniste, et que tous les pôles n’adhèrent pas aux deux. Le Front National de Marine Lepen par exemple n’adhère pas à la version conspirationniste (officiellement tout du moins, il y a évidement plusieurs tendances au sein du parti).
(3) Auteur du livre « Creuset français » (1988).
(4) Vous trouverez plus de détails chiffrés dans cet article
Nous y rajoutons notre patte : là où le texte « Le grand remplacement par A + B » affirme, sans donner de sources, que « le métissage étant quant à lui quasiment négligeable car généralement inférieur à 4% », Pascale Breuil, chef d’unité des études démographiques et sociales de l’Insee, nous dit que « Chez les descendants d’immigrés, la moitié ont un seul parent immigré : ils sont donc issus de couples mixtes. Devenus parents, ils parlent français avec leurs enfants à 99 %, et 64 % de ceux qui vivent en couple ont un conjoint qui n’est ni immigré ni descendant d’immigré. »
(5) Écrivain français, décédé, considéré comme l’un des fondateurs du négationnisme en France, qui se réclamait explicitement du fascisme.
(6) Ce concept d’une alliance des prolétaires et des capitalistes, communauté mythifiée au sein de la nation, luttant main dans la main contre l’envahisseur est à retrouver dans le [National] Solidarisme.
(7) Nicolas Bancel, historien de la colonisation, à propos de la théorie du Grand Remplacement.
NSBM
Le NSBM (National Socialist Black Metal) est un courant musical et politique qui utilise le black metal pour promouvoir le néo-nazisme et son idéologie (le national-socialisme). Il existe plus ou moins depuis les années 1990. La majorité des groupes de black metal ne sont pas NSBM, mais les membres qui jouent dans ces groupes ne l’affirment généralement pas publiquement. Ils ont d’ailleurs souvent plusieurs groupes pour jouer devant différents publics (avertis ou non avertis). Si une partie de la scène black metal (musicien·e·s comme publics) boycottent les groupes NSBM, une autre partie prétend pouvoir soutenir un groupe musicalement sans que cela ne le renforce politiquement. Quelques groupes NSBM : Absurd (Allemagne), Aryan Triumph (Slovaquie), Dark Fury (Pologne), Elfenbloed (Belgique), Goatmoon (Finlande), Kristallnacht (France), M8L8TH (Russie), Peste Noire (France), Wolfnacht (Grèce).
RAC
Le RAC (Rock Against Communism) est un courant musical et politique raciste qui est né à la fin des années 1970 au Royaume-Uni pour contrer la campagne Rock Against Racism lancée par des trotskistes. Les concerts RAC ont été lancés par des militants du National Front, entre autres, et puis ont fait des petits avec l’aide de groupes comme Blood & Honour. La plupart des groupes ont, comme le rock lui-même, fait évoluer leur style vers le punk. Quelques groupes RAC : Brutal Attack (UK), Evil Skins (France), Fraction (France), Légion 88 (France), Skrewdriver (UK), Skullhead (UK), No Remorse (UK).
Solidarisme
Ils se prétendent « social », « ni de gauche ni de droite » et « révolutionnaire ». Solidaristes disent-ils.
Pourtant, bien que des partis comme Nation ou la N-SA se disent appartenir au solidarisme, ils ne font en fait qu’essayer de se réapproprier une philosophie politique qui est loin de ce qu’ils prétendent et dont ils nient ainsi l’existence en dehors du dévoiement qu’ils en font.
Dans leurs cas, c’est de National Solidarisme dont il faut parler.
À l’origine le mouvement solidariste se présente effectivement comme une troisième voie entre le socialisme collectiviste et le l’individualisme libéral, un courant philosophique et politique au croisement du libéralisme et du socialisme. Il a été développé par des députés radicaux (1).
Le solidarisme, théorisé dans une dimension internationaliste, est la doctrine de l’individu social : l’homme est intrinsèquement lié socialement à tous les autres. Il se fonde sur le fait que personne ne dépendrait que de soi, que l’individu est ce qu’il est parce qu’il est lié aux autres. Tout le contraire de la doctrine libérale du « self-made man ».
En cela, l’individu serait redevable aux autres, une dette sociale de chacun envers la société.
Il affirme qu’il y a une solidarité entre les hommes d’une même société. La solidarité étant une réalité avant d’être un idéal, un fait social et non un sentiment moral. La solidarité en tant que lien d’interdépendance étant la raison et l’horizon du vivre ensemble. C’est ainsi que les radicaux défendront les principes mutualistes, l’impôt sur le revenu et la mise en place de système de retraites.
Si le courant de pensée solidariste est développé fin du 19ième siècle, ce n’est que dans les années ‘30 que le concept est copié, transformé et réapproprié par l’extrême droite.
C’est d’un parti flamand qu’est parti le National Solidarisme : Verbond van Dietsche Nationaal Solidaristen (Verdinaso) de Joris van Severen, parti autoritaire et militariste, présentant les caractéristiques d’un mouvement fasciste : une milice (le DMO, Dinaso Militante Orde), le port d’uniformes, l’organisation de défilés, une programme anti-démocratique et une vocabulaire antisémite. Et rejetant le marxisme comme le capitalisme international. Idéologiquement, il était proche du NSDAP (Parti National Socialiste des Travailleurs Allemands) comme du Parti fasciste italien (même si, contrairement au fascisme italien, il prônait la décentralisation : le mouvement s’est d’ailleurs implanté aux Pays-Bas, sans réellement y avoir d’importance).
Le courant National Solidariste apparaît en France début des années 60, après la guerre d’Algérie. Il est porté notamment par le Mouvement Jeune Révolution (MJR – principalement composé d’activistes d’une branche de l’OAS).
En 1975 est créée l’« Union Solidariste », qui regroupe l’ensemble des mouvements se revendiquant du National Solidarisme. En 1977, l’Union rejoint le Front National.
Durant la guerre froide, de part le rejet dos à dos des deux blocs majeurs, l’extrême droite européenne se revendiquant du solidarisme et d’une troisième voie a même été jusqu’à militer pour l’effacement des frontières entre les nations européennes, se mettant à rêver d’une super puissance supra nationale !
Toujours rattaché au Nationalisme Révolutionnaire, le National Solidarisme est revenu au sein de l’extrême droite avec Serge Ayoub et son mouvement « Troisième Voie pour une avant-garde solidariste »(2).
Jusqu’à la dissolution judiciaire de son mouvement suite au décès de l’antifasciste Clément Méric (tué par des skinhead néonazis appartenant aux JNR – Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires, le service d’ordre de la Troisième Voie d’Ayoub), le mouvement d’Ayoub a pris une certaine « ampleur », en réussissant notamment à agréger d’autres groupuscules autour du National Solidarisme. Nation en faisait partie et se rendait régulièrement aux manifestations françaises, au grand bonheur de sa section jeune, très proche de groupes à la radicalité raciste, fasciste et violente bien plus publiquement affirmée que celle de Nation.
Dans les différentes sensibilités des extrêmes droites, le National Solidarisme en est une concurrente à celle des Identitaires.
Une tendance profonde à l’extrême droite. Le cas du Mouvement Bleu Marine pour les élections françaises de 2017 est emblématique : dans sa volonté de normalisation, la rhétorique xénophobe est abandonnée au profit d’auto définition ni à droite ni à gauche (et donc une « troisième voie ») et de l’affirmation d’une volonté de préférence nationale. Le Front National de Marine Le Pen tente de transformer l’image du parti et de s’adresser aux travailleurs, reprenant un discours social, avec une rhétorique de solidarité (toujours nationaliste).
Là où l’extrême droite réinvestit le Solidarisme initial, c’est dans le rejet à la fois du capitalisme et du socialisme. L’expression « ni gauche ni droite » faisant écho au Solidarisme qui rejetait la collectivisation des moyens de production tout en pointant du doigt les défaillances du marché (3).
Mais alors que le Solidarisme est théorisé dès le départ comme internationaliste, celui revendiqué par l’extrême droite est l’affirmation d’une solidarité exclusivement nationale, consacrant une communauté mythifiée. Il existe donc bien un discours sur la construction d’un État social, mais uniquement à destination de cette communauté (4).
La révolte contre « la grande finance internationale » avec, au centre des dispositions, des mesures protectionnistes (fermeture des frontières, préférence nationale,… ), n’est, au final, que la protection d’une communauté nationale unifiée contre des menaces extérieures identifiées (du grand capital anonyme à toute personne de culture différente). Dans cet entre-soi national, un tri est encore à faire entre ceux qui mériteront une solidarité et ceux qui n’y auront pas droit (ceux qui ne rentreront pas dans le rang de leur vision idéologique).
Dans son usage par l’extrême droite, le Solidarisme n’est plus un moyen pour légitimer l’État social, mais un instrument pour combattre l’étranger sous la forme des forces hostiles d’un capitalisme mondialisé (5).
Le National Solidarisme s’appuie sur le National Socialisme en en accentuant l’aspect nationaliste, combiné à un programme social.
S’opposant à la lutte des classes, au socialisme, au communisme, à l’anarchisme, aux syndicats, s’opposant à la lutte pour l’égalité économique et sociale, la version de la solidarité pour le National Solidarisme consiste à unir les forts et les faibles, les patrons et les travailleurs dans la perspective d’une société corporatiste, d’une collaboration spontanée et organique entre les différents groupes de population. L’individu s’effaçant au profit du « peuple » comme d’un corps vivant dont doivent être exclus les éléments pathogènes, pointés comme ennemis communs : les personnes migrantes, exilées, d’une origine supposée non européenne, d’une culture différente, d’une religion différente,…
Les mouvements et partis se revendiquant du National Solidarisme définissent ces personnes comme une grande menace économique.
Si nous ne pouvons nier l’existence d’une conception nationaliste de l’État social, il faut cependant rappeler que c’est une imposture pour les extrêmes droites que de se revendiquer du Solidarisme.
La solidarité, en effet, ne demande pas aux individus de se laisser réduire aux frontières d’une nation, comme elle n’exige pas d’eux qu’ils se mettent en guerre contre un ennemi étranger. Elle refuse les bouc-émissaires et réunit les opprimés dans une entre-aide dépassant les clivages mis en place par les dominants comme par les extrêmes droites.
En Belgique, Nation et la N-SA se revendique du [ National ] Solidarisme.
L’un comme l’autre reprenant le trident comme symbole. Celui-ci avait été adopté par le Mouvement Nationaliste Révolutionnaire (MNR), héritier des groupes Action Jeunesse et des groupes Nationalistes Révolutionnaires, et devenus Troisième Voie en 1984.
1. Le radicalisme était le nom d’un parti modéré proche des républicains, puis des socialistes, qui a tenu les rennes de la Troisième République à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, à un moment socialement important avec une orientation de l’État vers une forme d’État social.
2. Faisant ainsi référence à l’organisation Troisième Voie, active de 1985 jusqu’à son auto-dissolution en 1992 pour cause de divergences quand à ses positionnements de critiques systématiques du FN.
3. Ce que l’on retrouve par exemple dans le parti Nation, qui, bien que se prétendant révolutionnaire, ne propose de lutter que contre le « grand capital anonyme et vagabond » tout en affirmant que « le capital doit être au service du travail ». Le rejet du matérialisme les amènent à ne pas prendre en compte le capitalisme comme un système économique régit par des logiques économiques théorisées et appliquées, mais à voir des nébuleuses de pouvoir dont il faudrait se défaire. Pour eux c’est : le capitalisme oui, mais au service de l’État. Certaines multinationales trop agressives seraient nationalisées au profit de l’État, mais aucune remise en question de la logique capitaliste dans ses fondements.
4. Nation le résume très bien dès sa première phrase de présentation du [ National, on le met pour eux ndlr ] Solidarisme : « c’est être solidaire, avec ceux qui le méritent, dans le cadre de la Nation ! ».
Leur vision de la solidarité ne s’applique qu’aux nationaux. À cela Nation rajoute la mise en place d’une méritocratie selon les vues de l’État et non l’existence : soyez belges, dans les rangs, ou crevez !
5. Dans cette logique, Nation va par exemple vouloir justifier une rémigration de masse sous le prétexte que « l’immigration est un outil du grand capital pour affaiblir la prétention des travailleurs et pour avoir des consommateurs en plus ».
Pour aller plus loin, deux articles dont nous nous sommes librement inspirés : ici et ici