APPEL À TÉMOIN : Fémur fracturé lors d’une charge policière à Bruxelles le 17 décembre.
Samedi 17 décembre 2016, j’ai répondu à l’appel à se rassembler contre le congrès de l’APF (Alliance for Peace and Freedom) qui est un regroupement de partis d’extrême droite européens. Un nouveau parti a été accueilli lors de ce congrès (Notre Slovaquie) – parti qui pense par exemple qu’Hitler est, je cite : « un artisan de la paix, un grand économiste, un orateur et un homme avec le cœur à la bonne place ». Plusieurs de ces organisations ont du sang sur les mains. Nous pouvons donc utiliser le terme néo nazi.
Bref, assez d’idées, d’actes et de propos inacceptables pour que je participe à l’opposition – même si je savais bien que la police nous attendrait et protègerait ces racistes, homophobes, misogynes et j’en passe. J’ai cependant été surprise quand j’ai découvert l’importance du dispositif policier mobilisé pour protéger le local de l’APF.
Dès le début, intimidation de la part de flics, moqueries, sourires narquois, photos de leur part, flic tout sourire qui tape des colsons sur ses mains en nous regardant prendre place, bref le ton était donné.
Les autorités de Bruxelles ont – une nouvelle fois – fait le choix de laisser l’extrême droite européenne la plus dure faire des plans nauséabonds pour notre futur.
Nation (groupe fasciste belge membre de l’alliance) a donc pu se féliciter sur les réseaux sociaux de la tenue du congrès de l’APF et de la réussite de celui-ci en plein cœur de Bruxelles.
Les autorités bruxelloises ont clairement décidé de laisser les fascistes prêcher leur haine et de réprimer les personnes qui s’y opposent.
Afin de ne pas rester coincéEs au milieu de ce dispositif policier muselant, et pour faire en sorte que notre message ne soit pas complètement invisible, la centaine de personnes présente a quitté les lieux du rassemblent pour former un cortège. La police a ensuite rapidement chargé les manifestantEs par l’arrière du cortège. Des voitures de police l’ont dépassé par les cotés et ont coupé la route à pleine vitesse manquant d’écraser des personnes. Des agentEs de police surexcitéEs ont sauté de leur véhicule pour se ruer sur les manifestantEs. J’ai pu voir les premiers actes de violences disproportionnées et inutile commis sans sommation par les policiers présentEs sur place :
-coups de matraques inutiles puisque les manifestantEs ne résistaient pas à l’arrestation ;
-pieds et genoux écrasant des visages au sol
-coups de points et de pieds gratuits
-traîner un compagnon sur plusieurs mètres par le col alors qu’il ne résistait pas à l’arrestation
-d’autres violences ont été rapportées par d’autres témoignages.
Personnellement, après quelques foulées j’ai reçu une charge violente dans mon dos qui m’a plaquée par terre. J’ai tout de suite vu, dans ma chute et une fois au sol que des policiers me dépassaient et violentaient d’autres camarades. Lorsque j’ai essayé de me relever, une douleur indescriptible m’a prise à la jambe droite. J’ai traversé le trottoir et deux amies infirmières se sont occupées de moi (merci encore). Le commissaire Vandersmissen en charge de cette répression est venu 10 min après et sur un ton narquois m’a dit : “alors, jambe cassée ?”. Illes n’ont jamais appelé l’ambulance, mon amie l’a fait pour moi et lorsque les ambulanciers m’ont embarqué en civière, le même commissaire a pris une photo de moi à mon insu. Je lui ai rappelé mes droits, qu’il ne pouvait pas me prendre en photo si je n’étais pas en état d’arrestation, et il m’a répondu que “j’avais juste le droit de me la fermer”. Un de ses collègues est ensuite venu me voir dans l’ambulance pour me narguer encore une fois en me disant : “C’est un claquage? Faut s’entraîner hein ! Allez, bonnes fêtes !”. J’ai donc été transportée à l’hôpital où on m’a diagnostiqué une fracture du fémur. Lorsqu’on m’a demandé comment cela s’était passé, j’étais encore sous le choc et incapable d’expliquer clairement ce que j’avais senti dans mon dos. Le médecin qui s’occupait de moi m’a confirmé que je n’avais pas pu me fracturer le fémur en tombant seule.
Si je vous écris tout cela, ce n’est bien sûr pas pour vous divertir ou pour me victimiser mais parce que je refuse de passer les violences policières sous silence, comme c’est le cas la plupart du temps. Illes peuvent nous casser ce qu’illes veulent, mais pas notre soif de justice et de solidarité. Donc, si des personnes étaient présentes ce jour-là et ont assisté à la scène et/ou ont pris des images (photo ou vidéo) qui pourraient m’aider à apporter de la lumière sur ce qu’il s’est passé (je n’ai pas encore des yeux dans le dos) ce sera utile pour la suite. J’avais une veste grise et un pantalon noir si cela peut aider. Merci de m’envoyer votre éventuel témoignage à barbaracab1312@mail.com