Brésil : du 14 mars au 28 octobre 2018

Édit : un an plus tard, il est désormais confirmé que les meurtiers sont deux anciens policiers militaires (le retraité Ronie Lessa et le licencié pour des raisons inconnues Elcio Vieira de Queiroz). Bonnes poires ou réels instigateurs, ce meurtre politique provient directement du pouvoir.

Marielle presente !

Le 14 mars 2018 était assassinée Marielle Franco par balles par deux anciens militaires avec des armes issues d’un dépôt de la police.

Marielle Franco était une militante et élue communiste engagée dans la lutte contre le racisme à l’encontre des populations noires du Brésil, contre l’impunité et la violence policière, le narco-trafique et contre le patriarcat et le sexisme. Elle a donné un discours remarqué une semaine avant de se faire tuer. Son assassinat était politique. L’enquête a cité des sphères politiques bourgeoises parmi les commanditaires.

Marielle Franco, issue de la favela de Maré, s’engage tôt dans le militantisme suite à la mort d’une amie prise dans une fusillade entre la police et des trafiquants de drogue.

Le 28 octobre 2018 est élu à la présidence du Brésil le candidat d’extrême-droite Jairr Bolsonaro soutenu par l’Église (évangéliste, entre autres), la grande bourgeoisie et la population aisée mais aussi par des multinationales ravies d’un capitalisme débridé, d’un étatisme fort et d’une exploitation de l’environnement et des pauvres encore plus folle. Les moyens de communication connectés, en particulier What%sapp, ont servi d’outils pour l’équipe de Bolsanoro et ses soutiens afin d’acheter les données personnelles des utilisateurs-trices de l’application permettant une propagande large et intrusive et la diffusion de fausses informations.

Racisme, exploitation, productivisme, mysoginie, homophobie, étatisme, autoritarisme, capitalisme, colonialisme ont été les positions défendues par Bolsonaro. L’autoritarisme de l’État et du Capital avance de plus en plus à visage découvert, il s’agit d’une transformation durable des formes politiques de la domination bourgeoise. C’est sous l’action et le soutien des militaires que Bolsonaro, nostalgique de la période de la junte militaire, a fait sa campagne. C’est sous le soutien publique et les discours évangélistes que s’est vu sanctifié Bolsanero par les différentes églises. C’est par le soutien de l’industrie et le lobbyisme des Chicago boys (connus pour avoir orchestrés les dictatures libérales dont celle de Pinochet), comme Guedes le futur ministre des finances, qu’est arrivé au pouvoir Bolsonaro.

C’est assez “drôle” de voir que les fascistes se félicitent de son élection alors qu’il est le candidat de l’impérialisme américain. Impérialisme qui avait participé au coup d’état politique de 2016 dans le pays et continue d’en fomenter (comme toujours en Amérique Latine) dans d’autres pays. Le Brésil est le pays le plus important du continent, ce qui constitue donc une énorme victoire pour les intérêts des entreprises américains. Pour ne citer qu’un exemple, une dizaine de multinationales se sont déjà approprié les 3/4 de l’entreprise “nationale” de pétrole (Petrobras).

Quel lien entre les deux dates

Elles nous rappellent que peu importe la manière – processuelle ou brutale – la réponse des dominants du pouvoir, de l’industrie et de l’Église, en tant de crise, a toujours été le fascisme. Or la crise est devenue le paradigme de la gouvernance. Crise de la finance, crise de l’environnement, crise du terrorisme, crise (de l’accueil) des « migrants » (sic), crise de la démocratie (sic), il ne s’agit qu’une nouvelle mutation du pouvoir et elle est donc en cours partout dans le monde (ou presque).

Face à cette situation, comme hier et demain, notre meilleure réponse repose sur les solidarités pour empêcher ces fous-furieux de tout détruire. Dans nos collectifs, syndicats et groupes affinitaires et même bandes de potes, il s’agit de se lier avec nos compagnon.ne.s du Brésil en multipliant les prises de contacts et d’initiatives. Il s’agit également d’empêcher les attaques qui, comme à Marielle, nous tuent et nous enferment.

Deux jours après les élections, une liste de 500 personnes gênants pour le pouvoir “à abattre” a commencé à tourner sur les applications. Et des naïfs/naïves continuent de prétendre que le fascisme n’existe plus, ne reviendra plus…

« _Nous reculons chaque jour devant la bagarre mais soyez sûrs que nous ne l’éviterons pas : ils en ont besoin, les tueurs ils vont nous voler dans les plumes et taper dans le tas. Ainsi finira le temps des sorciers et des fétiches : il faudra vous battre ou pourrir dans les camps_. » J-P Sartre, Préface de “Les Damnés de la Terre” de Frantz Fanon, 1961.

Complément d’informations

Les élus fachos mentent systématiquement aux classes moyennes inférieures et aux classes paupérisées. Dans les faits, elles se font dézinguées. Pour qui roulent les De Wilders, Orban, Salvini, Trump etc. ? Pour la classe au pouvoir. Au Brésil, le candidat ne s’en est même pas caché :

– Pas de remise en cause du remboursement de la dette aux créanciers, au contraire privatisations prévues pour la rembourser.

– Pas de remise en cause de la propriété privée et du fonctionnement des banques.

– Pas de réelle lutte contre le narco-trafique.

– Retraite par capitalisation (qui alimente les marchés financiers) renforcée et retraite par répartition (qui rogne le profit du patronat à l’avantage de la population) diminuée.

– Défiscalisation de l’économie (mesure libérale).

– Pas de remise en cause des traités de libre-échange ni de l’IIRSA (mégaprojets extractivistes).

– Requalifier en “terrorisme” les actions des mouvements ouvriers ou paysans qui occupent les grandes propriétés rurales ou urbaines (le Brésil est un des pays où la propriété des terres est la plus concentrée).
– Soutiens à l’agrobusiness.

– Faciliter la déforestation de l’amazonie et l’accaparement des terres indigènes et quilombolas.

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